La secrétaire générale d’Amnesty International a demandé au G20, qui regroupe les principales puissances économiques du monde, de donner l’exemple en s’engageant réellement en faveur des droits humains.
« S’ils veulent vraiment être des leaders mondiaux, les États membres du G20 doivent adhérer aux valeurs universelles, regarder en face leurs propres bilans, peu reluisants, et en finir avec leur politique du “deux poids, deux mesures” dans le domaine des droits humains », a déclaré Irene Khan lors du lancement du rapport annuel d’Amnesty International sur la situation des droits humains dans le monde.
Les membres du G20 sont : l’Afrique du Sud, l’Allemagne, l’Arabie saoudite, l’Argentine, l’Australie, le Brésil, le Canada, la Chine, la Corée du Sud, les États-Unis, la France, l’Inde, l’Indonésie, l’Italie, le Japon, le Mexique, le Royaume-Uni, la Russie et la Turquie, ainsi que l’Union européenne.
Amnesty International a rassemblé des informations prouvant que des atteintes aux droits humains ont été commises dans bien plus de la moitié des pays du G20 ; il est par conséquent légitime de se demander si ce groupe a réellement qualité pour diriger le monde. Les deux pays les plus puissants, les États-Unis et la Chine, n’ont adhéré qu’à une partie du programme mondial relatif aux droits humains.
La Chine a ratifié le Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), mais non pas le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP). De leur côté, les États-Unis ont ratifié le PIDCP, mais pas le PIDESC.
« Ces deux pays doivent montrer qu’ils s’engagent en faveur de l’ensemble des droits fondamentaux en ratifiant ces traités sans tarder », a déclaré Irene Khan.
Dans différentes régions du monde, au moins 2 390 personnes ont perdu la vie du fait de l’application de la peine de mort ; 78 % des exécutions ont eu lieu dans des pays du G20. C’est en Arabie saoudite, en Chine et aux États-Unis qu’ont eu lieu le plus grand nombre d’exécutions en 2008. Parmi les quatre premiers pays de cette liste, seul l’Iran ne fait pas partie du G20.
Dans neuf pays du groupe – Afrique du Sud, Argentine, Brésil, France, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie –, des personnes ont été tuées en toute illégalité par des responsables de l’application des lois.
Dans 15, des personnes ont été torturées ou autrement maltraitées en détention : Afrique du Sud, Arabie saoudite, Brésil, Canada, Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Indonésie, Italie, Japon, Mexique, Russie et Turquie.
Des procès non conformes aux normes d’équité se sont déroulés dans huit pays du G20 – Arabie saoudite, Chine, États-Unis, Inde, Indonésie, Mexique, Russie et Turquie – et, au Royaume-Uni, des personnes ont été entendues lors d’audiences également inéquitables.
Des personnes ont été maintenues injustement en détention, souvent pour des périodes prolongées et sans inculpation ni jugement, dans 14 pays membres du G20 : Afrique du Sud, Arabie saoudite, Australie, Canada (un cas dans un centre de détention pour immigrants), Chine, Corée du Sud, États-Unis, France, Inde, Italie, Mexique, Royaume-Uni (il s’agissait d’étrangers en attente d’expulsion), Russie et Turquie.
« Les participants à cette table ronde qui entend diriger le monde ont le devoir de donner l’exemple, en adoptant eux-mêmes un comportement irréprochable, a déclaré Irene Khan. Il serait opportun, pour commencer, que les membres du G20 indiquent clairement que tous les droits humains, qu’ils soient économiques, sociaux, culturels, civils ou politiques, ont la même importance. »
Les chiffres ci-dessus portent tous sur les 19 pays membres individuels du G20, et non sur l’Union européenne.