Le nombre de victimes civiles ne cesse d’augmenter au Sri Lanka

L’ONU estime à présent que plus de 6 500 civils sont morts et qu’environ 13 000 ont été blessés dans les combats qui font rage dans le nord-est du Sri Lanka. On a signalé pour cette seule semaine des centaines de victimes civiles.

Le gouvernement sri-lankais et les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul doivent immédiatement prendre des mesures pour empêcher que d’autres civils ne soient tués ou blessés.

Le secrétaire général de l’ONU a envoyé vendredi dans la zone de conflit une équipe humanitaire spéciale chargée d’observer et d’évaluer la situation, de soutenir l’aide humanitaire et de faire tout ce qui est possible pour protéger les civils.

« Des civils sont blessés et tués parce que les Tigres et l’armée gouvernementale violent le droit international humanitaire, a déclaré Yolanda Foster, spécialiste du Sri Lanka à Amnesty International. La situation des civils pris entre ces deux feux est encore aggravée par le fait qu’ils ne peuvent pas recevoir l’aide humanitaire dont ils ont besoin, y compris des fournitures médicales, de la nourriture et de l’eau. »

Dans la zone « protégée », les réserves de fournitures médicales sont presque épuisées. De nombreux civils risquent de mourir des suites de blessures liées au conflit, alors qu’ils pourraient être sauvés si l’aide humanitaire d’urgence, qui est bloquée, leur parvenait immédiatement.

« Le gouvernement doit permettre l’accès au secteur situé à l’ouest du lagon, à présent sous son contrôle, a ajouté Yolanda Foster. L’arrivée immédiate de l’aide internationale pourrait éviter des morts. »

Le gouvernement du Sri Lanka a soutenu pendant des mois que le nombre de civils pris au piège dans la zone de conflit était inférieur aux estimations des organisations humanitaires. Il n’est donc pas prêt à accueillir les dizaines de milliers de civils – un chiffre qui dépasse de loin ses propres estimations – qui sont maintenant passés sur le territoire contrôlé par ses forces.

Un grand nombre de camps sont surpeuplés et le principal hôpital du district, à Vavuniya, est débordé. L’aide humanitaire doit parvenir librement dans les camps afin que les organisations humanitaires sri-lankaises et internationales puissent distribuer de l’eau, de la nourriture, des abris et une aide médicale, indispensables pour sauver des vies.

Au cours des trois derniers mois, les Tigres tamouls ont utilisé les civils pris au piège dans la zone de conflit comme rempart contre les forces gouvernementales. Les civils qui ont tenté de fuir ont été attaqués par les Tigres tamouls. Le gouvernement a déclaré qu’il avait créé une zone « protégée » pour les civils, mais l’armée sri-lankaise aurait utilisé l’artillerie lourde, qui frappe de manière aveugle dans de telles circonstances, et ainsi tué et blessé des civils. Les Tigres tamouls et l’armée sri-lankaise violent les lois de la guerre.

« La communauté internationale doit faire pression de manière efficace aussi bien sur le gouvernement sri-lankais que sur les Tigres tamouls afin que les civils soient protégés, a souligné Yolanda Foster. Les deux parties doivent en particulier veiller à ce que tous les civils qui veulent quitter la zone de conflit puissent le faire sans être attaqués par les Tigres tamouls ou sanctionnés par les forces gouvernementales.

« Après s’être assuré que les civils peuvent se mettre en sécurité, le gouvernement doit, s’il poursuit ses attaques contre les Tigres tamouls, utiliser des méthodes et des armes qui ne frappent pas de manière aveugle. »

Les civils qui fuient la zone de conflit sont placés par les autorités sri-lankaises dans des lieux qui sont, de fait, des centres de détention. Amnesty International a reçu des informations dignes de foi signalant que des jeunes hommes tamouls ayant voulu quitter la zone de conflit ont été victimes d’une disparition forcée.

« La disparition forcée est largement utilisée au Sri Lanka depuis les années 1980. Et ceux qui recourent à cette pratique le font quasiment en toute impunité, a expliqué Yolanda Foster. Les combattants tamouls capturés doivent tous être traités conformément aux normes internationales. »

Amnesty International exhorte le Conseil de sécurité de l’ONU à discuter de la meilleure façon d’assurer la protection des civils, de faire cesser les disparitions forcées, d’assurer aux personnes déplacées un hébergement adéquat, et d’obtenir que des observateurs internationaux se rendent sur le terrain, évaluent directement la situation et fassent en sorte que des solutions soient immédiatement mises en œuvre pour résoudre la crise humanitaire et des droits humains.

« Les civils déplacés doivent recevoir une assistance aussi rapidement que possible, notamment des soins médicaux et une aide pour leur relogement », a conclu Yolanda Foster.