Nigeria : des hommes arrêtés dans la région du delta du Niger pourraient avoir été torturés et tués

Au Nigeria, quatre hommes arrêtés au cours des derniers jours dans la région du delta du Niger ont apparemment fait l’objet d’une disparition forcée aux mains de la police. Il est à craindre qu’ils n’aient été torturés et tués.

Amnesty International a attiré l’attention sur le fait que dans cette région la police recourt de manière croissante à des méthodes illégales et violentes – y compris à la torture, aux disparitions forcées et aux homicides illégaux – contre les militants et délinquants présumés.

« Nous assistons à une inquiétante augmentation du recours à une extrême violence de la part de la police dans le delta du Niger – bien que, selon certaines sources, le gouvernement ait envisagé une amnistie concernant les armes à feu pour résoudre une partie des graves problèmes qui touchent la région depuis des années », a expliqué Aster van Kregten, responsable des recherches sur le Nigeria à Amnesty International.

Chika Ibeku, ancien membre de Deewell, une bande criminelle de la région du delta du Niger, a été arrêté par la police le 7 avril. Il a dans un premier temps été détenu au poste de police d’Omoko, où sa famille l’a vu pour la dernière fois le lendemain matin.

Des agents de la Brigade d’intervention rapide (SOS) ont ensuite signalé à ses proches qu’il était incarcéré dans le centre de détention de cette unité, dans le secteur d’Old GRA, à Port-Harcourt. Sa famille et ses avocats n’ont pas été autorisés à communiquer avec lui.

On reste sans nouvelles de Chika Ibeku et de trois autres hommes qui, selon les informations reçues, avaient été placés en détention à Port-Harcourt. Le 12 avril, des fonctionnaires du centre de détention du SOS ont déclaré ne pas savoir où se trouvait Chika Ibeku.

Amnesty International a indiqué qu’elle craignait que les quatre hommes n’aient été torturés et tués par la police.

« Le fait que la police ait refusé de révéler où Chiba Ibeku se trouvait est profondément inquiétant, compte tenu notamment des actes de torture et homicides illégaux perpétrés dans le passé par la police dans la région du delta du Niger, a ajouté Aster van Kregten. Cela équivaut à une disparition forcée, méthode habituellement utilisée pour couvrir des atteintes flagrantes aux droits humains telles que des actes de torture ou un meurtre. »

Amnesty International et plusieurs autres organisations nigérianes et internationales ont fait part de leur inquiétude au sujet de la sécurité de Chika Ibeku et des trois autres hommes le 16 avril dans une déclaration publique.

« Nous appelons la police nigériane à confirmer publiquement l’arrestation et l’incarcération de Chika Ibeku et des trois autres hommes, et à révéler immédiatement où ils se trouvent et ce qu’il est advenu d’eux », a déclaré Aster van Kregten.

D’après les informations reçues par Amnesty International, Chika Ibeku avait, avant son arrestation, remis ses armes à feu à la police, peu après qu’il eut été fait état d’une amnistie pour les militants dans la région du delta du Niger.