Les défenseurs des droits humains africains constatent des avancées mais les préoccupations restent vives

Des défenseurs des droits humains (DDH) de toute l’Afrique déclarent qu’ils demeurent vivement préoccupés par les menaces, manœuvres de harcèlement, intimidations et violences physiques auxquels ils continuent à faire face dans le cadre de leur travail.

Des DDH issus de 45 pays africains, ainsi que des partenaires du monde entier, se sont réunis à l’occasion d’une conférence panafricaine des défenseurs des droits humains, à Kampala (Ouganda), organisée la semaine dernière (20-23 avril) par le Réseau des défenseurs des droits de l’homme de l’Afrique de l’Est et de la Corne d’Afrique. Dans la déclaration finale, ils ont pris acte des progrès réalisés depuis la première conférence de ce type, qui s’était tenue à Johannesburg il y a plus d’une décennie.

Ces avancées incluent la nomination, aussi bien par les Nations unies que par l’Union africaine, d’un rapporteur spécial sur la situation des DDH, l’adoption d’une déclaration sur les DDH, l’établissement de réseaux de DDH en Afrique et le fait que l’ensemble du continent soit davantage sensibilisé à leur action.

Dans le même temps, les participants à la conférence de Kampala ont déploré qu’un si grand nombre de DDH aient été tués en raison de leur action visant à promouvoir et à protéger les droits universels au cours des dix dernières années. La déclaration sur laquelle la conférence a débouché a également fait état de vives préoccupations concernant les violations persistantes des droits des défenseurs dans plusieurs sous-régions africaines, où ceux-ci sont régulièrement victimes de manœuvres de harcèlement, de la réprobation sociale, d’arrestations arbitraires, d’actes de torture et même de meurtre.

Sont particulièrement inquiétantes les menaces visant les DDH vulnérables, notamment les femmes, les personnes œuvrant dans des zones en proie à un conflit armé ou sous un régime répressif, les journalistes, les lesbiennes, les gays, les bisexuels, les personnes transgenres et intersexuelles, et les militants en faveur des droits des minorités.

S’adressant à l’assemblée à Kampala, Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International, a évoqué les nombreux acquis, en ce qui concerne l’amélioration de la communication dans les zones où les DDH sont en danger, la multiplication des occasions de se rencontrer pour les militants et le renforcement des mécanismes de protection au niveau régional ainsi qu’international.

Erwin van der Borght a cependant souligné que « la situation des droits humains dans de nombreux pays africains reste précaire. Les gouvernements continuent à entraver de manière tout à fait arbitraire l’exercice des droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique. Des militants sont régulièrement contraints de quitter leur pays en raison des menaces pesant sur leur sécurité, et certains perdent la vie du fait de leur action en faveur des droits humains. »

Parmi les demandes exprimées lors de la conférence figure un appel visant à inciter les gouvernements africains à : mettre immédiatement fin aux manœuvres de harcèlement et d’intimidation, ainsi qu’aux mesures législatives et aux agressions prenant les DDH pour cible ; respecter la Déclaration des Nations unies sur le droit et la responsabilité des individus, groupes et organes de la société de promouvoir et protéger les droits de l’homme et les libertés fondamentales universellement reconnus ; à veiller à ce que leur législation nationale soit conforme à leurs obligations internationales en matière de droits humains.

Pour en savoir plus
Déclaration de Kampala des défenseurs des droits de l’homme (déclaration conjointe, 23 avril 2009)