Un journaliste azerbaïdjanais gracié après près de trois ans en prison

Les autorités azerbaïdjanaises ont relâché un journaliste d’opposition le 9 avril, après que celui-ci eut passé près de trois ans en prison. Sakit Zahidov a été libéré à la faveur d’une loi d’amnistie adoptée en mars par le Milli Mejlis, le Parlement national.

La déclaration de culpabilité et l’emprisonnement de Sakit Zahidov ont suscité de sérieux doutes, les autorités s’étant gardées de lever certaines ambiguïtés relatives aux éléments de preuve produits et à certaines irrégularités dans le cadre du procès. Amnesty International le considérait comme un prisonnier d’opinion.

L’organisation s’est réjouie de sa libération, tout en exprimant sa préoccupation face au fait que des journalistes indépendants ou favorables à l’opposition continuent à faire l’objet d’actes de harcèlement, d’agressions physiques, de manœuvres d’intimidation et d’emprisonnement en raison de leurs activités journalistiques.

Sakit Zahidov, journaliste satirique connu travaillant pour le journal d’opposition Azadlıq (Liberté), par ailleurs poète, a été arrêté le 23 juin 2006 pour détention et trafic de stupéfiants. Déclaré coupable d’usage illicite de stupéfiants, il a été condamné à une peine de trois ans de prison.

Amnesty International s’est dite convaincue que son emprisonnement était uniquement imputable aux manœuvres des autorités visant à restreindre son droit à la liberté d’expression et à l’empêcher de rendre compte de façon critique des agissements des autorités.

Après son arrestation, Sakit Zahidov a affirmé que les éléments de preuve l’incriminant avaient été placés subrepticement et que les autorités l’ont pris pour cible en raison de son travail. Les autorités ont également harcelé des membres de sa famille et des employés du journal Azadliq.

Eynoulla Fetoullaïev et Qenimet Zahid, deux autres journalistes travaillant pour des journaux d’opposition, sont quant à eux toujours derrière les barreaux.

Ayant œuvré au sein d’un hebdomadaire au ton très libre, Monitor, qui a cessé ses activités après le meurtre de son rédacteur en chef, Elmar Housseynov, Eynoulla Fetoullaïev a ensuite lancé deux journaux d’opposition qui ont rencontré un grand succès. Realny Azerbaydzhan (L’Azerbaïdjan réel) et Gündəlik Azərbaycan (Le Quotidien d’Azerbaïdjan) ont cessé de paraître en mai 2007, après une série d’inspections menées dans leurs locaux par les pouvoirs publics.

Eynoulla Fetoullaïev a été jugé à deux reprises en 2007, puis condamné à huit ans et demi d’emprisonnement, pour diffamation, terrorisme, incitation à la haine ethnique et fraude fiscale. Amnesty International a fait savoir qu’elle le considérait comme un prisonnier d’opinion et demandait sa libération immédiate et sans condition.

Qenimet Zahid, frère de Sakit Zahidov, est le rédacteur en chef d’Azadlıq. Il a été arrêté pour houliganisme le 10 novembre 2007 ; il aurait insulté une passante devant les locaux du journal et infligé des lésions corporelles légères à un homme accompagnant celle-ci.

Des défenseurs des droits humains avaient précédemment recueilli des informations sur la pratique consistant à « provoquer » des militants de l’opposition, et nombre d’entre eux sont persuadés que cette affaire a été créée artificiellement dans le but d’empêcher Qenimet Zahid d’effectuer son travail de journaliste.

Il a été condamné à quatre années d’emprisonnement en mars 2008 pour « houliganisme avec circonstances aggravantes » et « coups et blessures ». Amnesty International a déclaré qu’il était possible que cet homme soit un prisonnier d’opinion et qu’elle réclamerait sa libération si les allégations selon lesquelles il a été pris pour cible en raison de ses activités de journaliste s’avéraient fondées.