Menaces et agressions : les dangers liés à l’ouverture des archives de la police au Guatemala

Des fonctionnaires chargés d’ouvrir les archives de la police guatémaltèque et des membres de leur famille ont été menacés et agressés ces derniers jours. L’épouse du directeur des services du procureur des droits humains a été enlevée le 25 mars et torturée.

L’un des membres de ces services a été roué de coups et plusieurs autres ont reçu des menaces. Il y a ainsi eu une alerte à la bombe et le directeur a été menacé de mort.

Les archives de la police contiennent des informations sur les atrocités commises par les forces de sécurité durant le conflit armé interne au Guatemala. Elles ont été découvertes en 2005 par des membres des services du procureur des droits humains, qui depuis lors trient et classifient les informations disponibles ; durant la semaine du 23 mars ils ont rendus publics 12 millions de documents, sur quelque 80 millions.

D’après Amnesty International, ces attaques et menaces ont pour objectif d’intimider les membres des services du procureur des droits humains afin de les dissuader de poursuivre leur travail. Deux anciens policiers ont déjà été inculpés dans le cadre d’une affaire de disparition forcée, grâce à des informations découvertes dans les archives.

Amnesty International a exhorté les autorités guatémaltèques à mener immédiatement des enquêtes approfondies sur les attaques visant ces fonctionnaires et leurs proches.

« Les fantômes du passé n’ont pas leur place au Guatemala aujourd’hui, a déclaré Kerrie Howard, directrice adjointe du programme Amériques d’Amnesty International. Les autorités guatémaltèques doivent veiller à ce que les responsables présumés des attaques et des menaces ciblant ceux qui œuvrent à faire la lumière sur les violences commises pendant le conflit armé ne s’en tirent pas sans encombre. »

« L’ouverture des archives de la police est un énorme pas en avant vers une véritable justice au Guatemala. Il s’agit désormais de veiller à ce que ces informations servent à rendre justice aux milliers de victimes de violations des droits fondamentaux dans ce pays. »

Environ 200 000 personnes, appartenant pour la plupart à des groupes indigènes mayas, ont été tuées ou ont fait l’objet de disparitions forcées pendant la guerre civile qui a sévi au Guatemala. Le conflit a débuté en 1960 et pris fin en 1996 avec la signature d’accords de paix entre le gouvernement guatémaltèque et le groupe d’opposition armée. Les archives découvertes par les services du procureur des droits humains appartenaient à la désormais défunte police nationale, remplacée par la police nationale civile, un nouvel organe créé en vertu des accords de paix.