Des hommes et des adolescents chiites maintenus au secret par les autorités saoudiennes

Au moins 10 personnes, dont sept mineurs, appartenant à la minorité chiite de la province de l’Est en Arabie saoudite sont en détention au secret et risquent d’être soumises à la torture et à d’autres types de mauvais traitement.

Ces personnes ont été appréhendées ce mois-ci à la suite de manifestations de protestation contre l’arrestation de chiites visitant le tombeau du prophète Mahomet dans la ville de Médine, dans l’ouest du pays.

Tout a commencé lorsque des membres du Comité pour la propagation de la vertu et la prévention du vice (CPVPV) ont filmé des femmes chiites venues voir le tombeau du prophète Mahomet à Médine.

Irrité par ces agissements, un groupe plus large composé d’hommes et de femmes chiites également présents sur les lieux est allé manifester devant les locaux du CPVPV à Médine afin de réclamer qu’on lui remette la bande vidéo.

La situation a dégénéré et plusieurs affrontements ont éclaté lorsque des membres du CPVPV s’en sont pris aux manifestants, dont un certain nombre ont été blessés et au moins neuf ont été arrêtés, avant d’être libérés au bout d’environ une semaine de détention.

Selon le ministre de l’Intérieur, le prince Naif bin Abdul Aziz al Saoud, certaines personnes appartenant à la communauté sunnite ont aussi été appréhendées.

En Arabie saoudite, les manifestations ne sont pas autorisées. Ceux qui bravent cette interdiction sont fréquemment détenus au secret sans inculpation, privés de la possibilité de contester devant un tribunal la légalité de leur détention, et torturés.

Les six mineurs, tous âgés de quatorze à seize ans, ont été appréhendés entre le 4 et le 8 mars pour avoir participé à une manifestation à Safwa (province de l’Est) le 27 février. Ils ont été placés dans un foyer pour enfants à Al Khober. La plupart d’entre eux n’auraient pas été autorisés à recevoir la visite de leur famille.

Au moins quatre autres personnes, dont un mineur, ont été arrêtées après avoir pris part à des rassemblements se tenant à Al Awamiya (province de l’Est) depuis le 19 mars. Ces rassemblements ont été organisés pour protester contre un mandat d’arrêt décerné à l’encontre de Sheikh Nimr Bagir al Namr, haut dignitaire religieux chiite et imam d’une mosquée d’Al Awamiyya. Le motif de ce mandat serait lié à ses critiques au sujet des attaques visant les chiites se rendant au tombeau du prophète Mahomet et de l’intolérance religieuse généralisée contre la communauté chiite en Arabie saoudite.

Parmi les personnes arrêtées figurent Ali Ahmad al Faraj, seize ans, le neveu de Sheikh Nimr Baqir al-Namr, qui a été arrêté le 22 mars. Sont également au nombre de celles-ci Nouh Ali Salih Abdul Jabbar et Makki Al Abbas, appréhendés le 19 mars. Leurs proches ignorent apparemment où ils se trouvent.

Amnesty International a demandé aux autorités saoudiennes de veiller à ce que ces détenus soient protégés de la torture et de toute autre forme de mauvais traitement, et à ce qu’ils puissent régulièrement recevoir la visite de leurs proches, consulter leurs avocats et bénéficier de tous les soins médicaux dont ils pourraient avoir besoin.

L’organisation les a également priées de libérer ces personnes immédiatement et sans condition si elles sont détenues uniquement pour avoir participé à des manifestations non violentes.