Les appels en faveur d’une trêve humanitaire entre les Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) et les forces armées sri-lankaises se multiplient, tandis que les combats s’intensifient et que le nombre de victimes augmente. Jeudi 26 mars, Amnesty International a réitéré ses appels, demandant une trêve immédiate visant à permettre que l’aide puisse parvenir aux civils pris au piège et à assurer à ceux qui souhaitent partir la possibilité de le faire en toute sécurité.
Des dizaines de milliers de personnes, prises au piège dans des « zones de sécurité » dans la région du Vanni (nord-est de l’île), se retrouvent exposées à un danger croissant en raison de l’escalade de la violence dans les combats opposant les deux camps.
« Tirer délibérément sur des civils, quel que soit le camp à l’origine des tirs, constitue un crime de guerre, a déclaré Sam Zarifi, directeur pour la région Asie-Pacifique à Amnesty International. Nous ne pouvons insister assez sur l’importance d’une pause immédiate pour permettre aux personnes déplacées de partir avant que des milliers d’autres ne soient tuées. Les Nations unies et les donateurs internationaux doivent faire pression sur les deux parties pour que soit mis fin à cette catastrophe humanitaire majeure. »
Le 26 mars, John Holmes, responsable des affaires humanitaires aux Nations unies, a également appelé à une pause humanitaire afin de permettre à la population civile de quitter le secteur. Amnesty International a par ailleurs demandé aux Nations unies et aux donateurs internationaux de faire pression sur le Sri Lanka pour qu’il permette aux organisations humanitaires d’accéder librement aux camps de personnes déplacées dans la région.
L’organisation a adressé cette demande au moment de la diffusion d’une nouvelle synthèse décrivant la situation des personnes déplacées à l’intérieur du Sri Lanka.
L’organisation a reçu des informations crédibles et concordantes faisant état de déplacements forcés de civils par les LTTE, qui les pousseraient vers des régions sous leur contrôle dans le Vanni. Se retrouvent otages de fait, ils servent de bouclier contre les forces armées sri-lankaises – en violation flagrante du droit international humanitaire.
Selon la plupart des observateurs indépendants, il y aurait entre 150 000 et 200 000 civils pris sous le feu de combats intenses. Les LTTE auraient également délibérément tiré sur des civils qui essayaient de quitter les zones sous leur contrôle.
Le gouvernement sri-lankais a aggravé les souffrances des personnes déplacées en empêchant l’aide humanitaire internationale de parvenir à une région désormais privée d’hôpitaux en état de fonctionnement. Les personnes qui risquent leur vie en fuyant s’exposent à d’autres exactions lorsqu’elles pénètrent dans les zones contrôlées par le gouvernement.
Amnesty International dispose d’informations montrant que le gouvernement se sert de la procédure de filtrage aux points de contrôle et dans les « villages protégés » pour instaurer une discrimination envers les Tamouls et maintenir en détention des familles pendant des périodes indéterminées.
Selon les informations dont nous disposons, les « villages protégés » mis en place par les autorités sont surpeuplés et ne disposent pas des infrastructures appropriées. Dans les camps de Vavuniya et de Jaffna, les personnes déplacées sont détenues de fait, elles n’ont en effet pas l’autorisation de partir. On note également une présence militaire continue à l’intérieur des camps ce qui augmente le danger pour les civils.
« L’attitude du gouvernement sri-lankais jusqu’à présent a été de demander l’aide internationale tout en rejetant les normes et une surveillance internationales, a déclaré Sam Zarifi. Les Nations unies et les gouvernements donateurs doivent s’assurer que le Sri Lanka agit conformément à ses obligations et met fin à la discrimination et aux souffrances des personnes déplacées. »