Le pape doit évoquer les expulsions forcées liées à l’Église en Angola

Il va sans doute être demandé au pape Benoît XVI lors de sa visite en Angola vendredi 20 mars, dans le cadre de son premier voyage en Afrique, d’évoquer avec les autorités de ce pays la question des expulsions forcées.

Amnesty International, quant à elle, a demandé au pape d’aborder le problème des expulsions forcées ayant des liens avec l’Église catholique.

De 2003 à 2006, les autorités angolaises ont expulsé de force des milliers de personnes qui vivaient sur des terrains appartenant à l’Église catholique à Luanda, la capitale.

Ces expulsions se sont déroulées en dehors de toute procédure légale, en ayant recours aux armes à feu et à une force excessive et en l’absence d’un programme de logement de remplacement ou d’indemnisation pour les personnes affectées.

La police a tiré aveuglément sur les personnes qui essayaient de protéger leur habitation dans les quartiers de Palanca, Sapú et Wenji Maka, dans la municipalité de Kilamba Kiaxia. Lors de certaines expulsions, des policiers ont frappé des femmes et des enfants.

Ces terrains appartenaient à l’Église catholique avant l’indépendance de l’Angola, ancienne colonie portugaise, en 1975. Ils avaient été rétrocédés à l’Église par le gouvernement angolais en 1998 en réponse à une requête formulée par le pape Jean-Paul II lors de sa visite en Angola en 1992. Les expulsions ont été réalisées pour permettre à l’Église catholique d’utiliser ces terrains pour ses projets.

Lorsqu’elles avaient remis les titres fonciers à l’Église catholique, les autorités angolaises n’avaient pas pris en compte les personnes qui vivaient sur ces terrains depuis des décennies, dans le plus grand dénuement. En procédant aux expulsions comme elles l’ont fait, les autorités ont violé les droits fondamentaux des personnes qui vivaient sur place.

Les expulsions forcées ont pour effet d’appauvrir encore ceux qui vivent déjà dans la pauvreté ; elles exposent souvent les personnes concernées à de nouveaux risques en matière de santé et de chômage et mettent fin à la scolarisation des enfants.

Des expulsions forcées ont eu lieu en dehors de Luanda, sur des terrains n’appartenant pas à l’Église catholique, dans le cadre d’opérations d’aménagement urbain menées par le gouvernement angolais. Bien qu’il y ait eu une diminution du nombre d’expulsions forcées dans le pays depuis 2006, des milliers de personnes continuent de vivre sous la menace de telles mesures expéditives. En outre, il n’y a toujours aucune loi interdisant spécifiquement les expulsions forcées en Angola, ni de dispositions donnant aux habitants la garantie de ne pas être expulsés.

Amnesty International surveille les expulsions forcées à Luanda depuis 2001 et a diffusé deux rapports à ce sujet. Le dernier, Angola: Lives in Ruins: Forced evictions continue, a été publié en février 2007. Il fournissait des informations sur les expulsions forcées à Luanda entre 2004 et mars 2006, en faisant référence plus particulièrement à celles impliquant l’Église catholique.

Aucune nouvelle expulsion n’a eu lieu dans ces zones depuis la publication du rapport. Cependant, il ne semble pas que l’Église catholique ni les autorités angolaises ne se soient fermement engagées à ce que les familles vivant là ne soient plus soumises à des expulsions forcées.

Les familles ayant été expulsées de force ou dont les biens ont été endommagés lors d’une expulsion forcée n’ont pas été indemnisées. Les milliers de familles affectées par les expulsions forcées qui ont eu lieu sur ces terrains n’ont toujours aucune voie de recours.

Dans une lettre envoyée le 20 février 2009 au cardinal Tarcisio Bertone, secrétaire d’État du pape Benoît XVI, Amnesty International a demandé que le pape aborde avec les autorités angolaises, lors de sa visite, la question des expulsions forcées.

L’organisation a également appelé le Vatican à s’engager à faire le nécessaire pour que toute nouvelle expulsion sur des terrains appartenant à l’Église catholique en Angola se déroule dans le respect des normes internationales relatives aux droits humains.

L’organisation a en outre demandé que le pape use de son influence auprès des autorités pour leur demander de prendre des mesures pour mettre fin aux expulsions forcées et respecter le droit des personnes à un logement adéquat, et pour offrir des voies de recours efficaces aux familles affectées par les expulsions forcées.