Des défenseurs des droits des indigènes incarcérés à tort au Mexique

Cinq défenseurs des droits des indigènes au Mexique se trouvent toujours en détention un an après leur arrestation bien que les éléments retenus contre eux soient insuffisants

Accusés de meurtre, ces membres de l’Organisation du peuple indigène me’phaa (OPIM), basée dans l’État de Guerrero, sont incarcérés dans une prison ce même État. Ils ont été arrêtés en avril 2008.

En maintenant abusivement ces hommes en détention, le gouvernement mexicain bafoue les engagements en matière de droits humains qu’il a pris devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies il y a un mois.

Un juge fédéral chargé du réexamen de ce cas a ordonné la libération de quatre de ces hommes le 20 octobre 2008, après avoir estimé que les éléments de preuve présentés ne permettaient pas de les impliquer. Ils sont pourtant toujours derrière les barreaux, le Bureau du procureur général de la République ayant interjeté appel de cette décision – bien qu’il n’ait fourni aucun élément nouveau. Ils attendent désormais qu’une juridiction fédérale statue sur leur possible libération.

Le cinquième détenu, Raúl Hernández, s’est vu refuser une injonction par le juge fédéral au motif que deux témoins auraient certifié l’avoir vu lorsque la victime a été abattue. Cependant, les déclarations d’autres témoins oculaires indiquant qu’il n’était pas présent au moment du meurtre n’ont pas été prises en compte. Il a formé un recours contre la décision du juge.

« Il y a moins d’un mois, le Mexique s’est engagé devant le Conseil des droits de l’homme des Nations unies à protéger la vie et l’intégrité physique des défenseurs mexicains des droits humains, a déclaré Susan Lee, directrice du programme Amériques d’Amnesty International. Amnesty International a établi que les poursuites engagées contre ces cinq prisonniers d’opinion l’ont été en représailles contre leurs activités consistant à promouvoir les droits de leur communauté et à dénoncer les abus d’un cacique, chef politique local, et des autorités locales. Quand les personnes luttant en faveur du progrès social sont sanctionnées pour le travail légitime qu’elles accomplissent, les autorités font passer le message suivant : le prix à payer pour assurer la protection et la promotion des droits humains est élevé. »

Manuel Cruz, Orlando Manzanarez, Natalio Ortega, Romualdo Santiago et Raúl Hernández ont été arrêtés le 17 avril 2008. Ils ont été inculpés du meurtre d’Alejandro Feliciano García, commis le 1er janvier 2008 à El Camalote, une ville de l’État de Guerrero. Les cinq hommes se sont vu ordonner de s’arrêter à un poste de contrôle miliaire de routine alors qu’ils traversaient cette zone, puis ils ont été placés en détention.

Les informations recueillies au fil des années par Amnesty International indiquent que les membres d’organisations de défense des droits des indigènes telles que l’OPIM font systématiquement l’objet de manœuvres de harcèlement et d’intimidation dans l’État de Guerrero.

Tout récemment, le secrétaire et le président de l’Organisation pour l’avenir des peuples mixtèques ont été retrouvés morts tard dans la soirée du 20 février, dans la municipalité de Tecoanapa (État de Guerrero). Les corps de ces deux hommes Manuel Ponce Rosas et de Raúl Lucas Lucía ont été déterrés à trente minutes de route du lieu où ils avaient été enlevés par des hommes armés sept jours plus tôt. Les deux corps ont été identifiés par leurs familles, qui ont signalé qu’ils portaient des traces évidentes de torture.

Amnesty International a demandé aux autorités mexicaines de libérer immédiatement et sans condition les cinq prisonniers d’opinion de la prison d’Ayutla de los Libres prison, dans l’État de Guerrero, et de traduire en justice les auteurs présumés du meurtre de Manuel Ponce Rosas and Raúl Lucas Lucía.