Un responsable de l’opposition remis en liberté en Gambie

Cet homme, figure éminente de l’opposition en Gambie, a été appréhendé le 8 mars, puis inculpé de sédition et d’espionnage, avant d’être relâché sans condition le 19 mars.

Halifa Sallah aurait été arrêté en raison d’articles qu’il avait écrits pour Foroyaa – le principal journal d’opposition – dans lesquels il affirmait que des marabouts, accompagnés par des militaires, des policiers et des agents des services de renseignements, dont les membres de la garde personnelle du président gambien Yahya Jammeh, accusaient des membres du public d’être des sorciers.

Les personnes soupçonnées de sorcellerie ont été agressées, arrêtées et détenues dans l’enceinte de la ferme du président à Kanilai, puis forcées à boire des mixtures censées déterminer s’il s’agissait bien de sorciers. Elles étaient ensuite forcées à « avouer » qu’elles pratiquent la sorcellerie. Elles ont parfois été rouées de coups, jusqu’à frôler la mort.

L’arrestation d’Halifa Sallah serait également liée au fait qu’il ait écrit au Conseil national de sécurité de Gambie pour réclamer l’arrêt de ces pratiques, qu’il a décrites comme « des violations flagrantes des droits humains et des atteintes à la vie privée des Gambiens ».

Amnesty International a fait part de sa crainte qu’il ne soit torturé ou maltraité, et jugé dans le cadre d’un procès inique. Sa prochaine audience devait avoir lieu le 25 mars.

Halifa Sallah est un ancien membre du Parlement panafricain et faisait partie des responsables de l’opposition à l’Assemblée nationale. Il est secrétaire général de l’Organisation démocratique populaire pour l’indépendance et le socialisme (PDOIS) et coordonnateur de l’Alliance nationale pour la démocratie et le développement (NADD). Il s’est présenté à l’élection présidentielle de 2006 en Gambie.

Appréhendé le 8 mars à son domicile de Serrekunda, une banlieue de la capitale, Banjul, il a été emmené au poste de police de cette ville par cinq policiers en civil.

Il a été transféré au poste de police de Yundung, une banlieue voisine, le 9 mars. Le lendemain, il a été conduit à celui de Banjul. Le 11 mars, il a été inculpé de sédition et d’espionnage par le tribunal de première instance de Brikama et placé en détention provisoire à Mile II, la prison centrale de la Gambie.

À la suite de l’arrestation d’Halifa Sallah, plusieurs centaines d’habitants du village de Sintet auraient été arrêtés et placés en détention illégale par des militaires, des policiers et des agents des services de renseignements, et emmenées à Kanilai. Deux personnes seraient mortes des suites de problèmes rénaux peu après leur libération.

En Gambie, les journalistes et les membres de l’opposition font régulièrement l’objet de manœuvres de harcèlement, d’arrestations et de détentions illégales ou de disparition forcée.