Les États nigérians appelés à ne pas procéder à des exécutions

Les gouvernements des États nigérians ont été appelés à ne pas élargir le champ d’application de la peine de mort en y incluant des crimes tels que l’enlèvement.

Le Nigéria respecte actuellement un moratoire sur les exécutions qu’il s’est lui-même imposé, mais les États d’Anambra, d’Enugu et de Rivers ont exprimé leur intention de faire de l’enlèvement de personne un crime passible de la peine capitale. Dans l’État d’Abia, la législation a été modifiée afin d’inclure l’enlèvement dans le champ d’application de la peine de mort.

Amnesty International, l’Institut des droits humains du barreau nigérian et des ONG nigérianes ont appelé ces États à ne prendre aucune mesure qui irait à l’encontre de la tendance mondiale en faveur de la limitation des crimes emportant la peine capitale.

« Les autorités ont le devoir de protéger la population contre les risques d’enlèvement. L’expérience a cependant montré que la menace de la peine de mort n’est pas efficace pour lutter contre les crimes violents. Les hommes politiques recourent à cette mesure pour donner l’illusion qu’ils prennent des initiatives fortes contre la criminalité. D’autres facteurs ont un effet dissuasif plus important », a expliqué Aster Van Kregten, responsable des recherches sur le Nigeria au sein d’Amnesty International.

Plus de 2 600 condamnés à mort ont été exécutés entre 1970 et 1999, mais le taux de criminalité n’a pour autant pas baissé. En réalité, le taux de criminalité diminue souvent dans les pays qui ont aboli la peine de mort.

Le 9 février 2009, lors de la quatrième session de l’examen périodique universel des Nations unies, le ministre nigérian des Affaires étrangères a déclaré : « Le Nigeria continue de respecter un moratoire [sur la peine de mort] qu’il s’est lui-même imposé. »

Les gouvernements des États devraient prendre des mesures reflétant cette attitude et ne pas élargir le champ d’application de la peine capitale. Ils devraient adopter un moratoire sur les exécutions en ayant pour objectif final l’abolition de la peine de mort, conformément à la résolution 62/149 de l’Assemblée générale de l’ONU relative à un moratoire sur le recours à ce châtiment.

L’élargissement du champ d’application de la peine capitale est contraire aux engagements internationaux pris par le Nigeria en matière de droits humains en tant que membre des Nations unies. Le Comité des droits de l’homme de l’ONU a appelé les États à réduire le nombre de crimes passibles de mort, et à ne réserver ce châtiment qu’aux « crimes les plus graves ».

Le Groupe national d’étude sur la peine de mort (2004) et la Commission présidentielle pour la réforme du fonctionnement de la justice (2007), deux comités d’experts nommés par l’ancien président de la République fédérale, Olusegun Obasanjo, ont l’un comme l’autre recommandé l’adoption d’un moratoire sur les exécutions.