Israël a utilisé du phosphore blanc dans des zones civiles de Gaza

L’armée israélienne a utilisé du phosphore blanc, qui a un important effet incendiaire, dans des zones résidentielles et civiles de la ville de Gaza densément peuplées. Une équipe d’enquêteurs d’Amnesty International, qui s’y est rendue samedi, a trouvé des éléments qui le prouvent de manière irréfutable.

Lorsqu’il entre en contact avec la peau, le phosphore blanc brûle le muscle en profondeur jusqu’à l’os, et il continue de brûler les tissus tant qu’il est en présence d’oxygène.

Des délégués d’Amnesty International ont trouvé dimanche des morceaux de phosphore blanc encore incandescents dispersés dans des zones résidentielles de la ville de Gaza. Ces morceaux restaient dangereux pour les habitants et pour leurs biens ; les rues et les ruelles sont pleines d’enfants qui jouent, qui sont attirés par les débris de la guerre et n’ont souvent pas conscience du danger.

Les obus ayant servi à disperser les fragments se trouvaient toujours là où ils étaient tombés, dans les maisons et autres bâtiments et aux alentours. Certains de ces obus en acier de 155 mm ont gravement endommagé plusieurs immeubles d’habitation.

« Ce dimanche 18 janvier 2009, nous avons vu des rues et des allées jonchées d’éléments attestant de l’utilisation de phosphore blanc, notamment des éclats encore en feu et des restes d’obus et de grenades tirés par l’armée israélienne, a déclaré Christopher Cobb-Smith, expert en armement qui fait partie de l’équipe d’Amnesty International composée de quatre personnes qui s’est rendue à Gaza.

« Le phosphore blanc est une arme destinée à créer un écran de fumée permettant de masquer les mouvements de troupe sur le champ de bataille, a-t-il ajouté. C’est une substance hautement incendiaire, qui explose au contact de l’air et qui ne devrait jamais être utilisée dans des zones civiles, en raison de ses effets dévastateurs. »

Donatella Rovera, chargée de recherches sur Israël et les territoires palestiniens occupés à Amnesty International, a déclaré que le fait d’utiliser aussi largement cette arme dans des zones résidentielles de Gaza densément peuplées est un acte foncièrement aveugle. « Une utilisation répétée dans ces circonstances, alors qu’on sait que cette arme frappe sans discrimination et qu’elle a des effets terribles sur les civils, constitue un crime de guerre », a-t-elle souligné.

Chaque obus d’artillerie de 155 mm explose en 116 éclats imprégnés de phosphore blanc qui s’enflamment au contact de l’oxygène et peuvent se disperser, en fonction de la hauteur à laquelle se produit l’explosion et du vent, sur une surface au moins aussi grande qu’un terrain de football. L’explosion dans les airs d’une telle arme a des effets non discriminants. De plus, son utilisation comme obus d’artillerie aggrave encore le risque de toucher des civils.

« L’artillerie est utilisée comme arme de zone, elle n’est pas adaptée pour cibler avec précision. Le fait que ces munitions, généralement utilisées pour des explosions terrestres, ont été tirées afin d’exploser dans les airs accroît la surface probable de la zone dangereuse », a ajouté Chris Cobb-Smith.

L’un des lieux les plus touchés est le complexe de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNWRA), dans la ville de Gaza, sur lequel les forces israéliennes ont tiré trois obus au phosphore blanc le 15 janvier. Le phosphore blanc a terminé sa course près de camions de carburant, déclenchant un énorme incendie qui a détruit des tonnes d’aide humanitaire.

Une heure avant cette attaque, les bâtiments avaient déjà été frappés. Les responsables de l’UNWRA en avaient informé les autorités israéliennes, qui avaient donné l’assurance qu’aucun autre tir ne serait dirigé contre le complexe.

Le même jour, un autre obus au phosphore blanc a touché l’hôpital al Quds, dans la ville de Gaza, et provoqué un incendie qui a contraint le personnel médical à évacuer les patients.