L’Inde doit aborder les préoccupations liées aux droits humains à Sri Lanka

Le ministre indien des Affaires étrangères, en visite à Sri Lanka cette semaine, a été prié d’évoquer les préoccupations relatives à la sécurité des civils déplacés pris au piège dans le Vanni, lors des discussions avec le gouvernement sri-lankais.

Dans la lettre ouverte qu’elle a adressée à Shivshankar Menon, Amnesty International exhorte ce dernier à porter une attention particulière aux graves difficultés auxquelles sont confrontées les personnes bloquées au milieu des affrontements. Cette lettre indique que des forces gouvernementales sont en train de cerner les bases des Tigres libérateurs de l’Eelam tamoul (LTTE) dans le quart nord-est de l’île.

Elle appelle également M. Menon à parler de la dégradation généralisée de la situation des droits humains dans le pays, y compris dans les régions qui ne sont pas directement affectées par le conflit.

Plus de 250 000 personnes, principalement des Tamouls, se trouvent dans une immense détresse et manquent de lieux sûrs où se réfugier face à l’intensification des combats entre les deux camps.

Ces personnes déplacées sont prises au piège entre les forces de sécurité sri-lankaises qui approchent et les LTTE, ce qui restreint leurs possibilités de fuir et fait d’eux une source involontaire de recrues et de main d’œuvre.

À la suite de la reprise récente de Killinochchi par le gouvernement sri-lankais, des centaines de milliers de personnes se sont trouvées concentrées dans une zone réduite et sont devenues de plus en plus vulnérables. Les affrontements se rapprochant de la population prise au piège, on craint un nouvel exode massif des civils.

Amnesty International a mis en lumière cette situation en novembre 2008, attirant l’attention sur le grave manque de nourriture et de centres d’accueil auquel sont confrontées les personnes déplacées.

À l’époque, l’organisation avait salué l’envoi de vivres par les autorités indiennes. Les approvisionnements humanitaires, notamment par le gouvernement indien, se sont depuis amenuisés.

La lettre indique que des membres d’organisations humanitaires craignent que de nombreuses personnes déplacées ne soient « confrontées à problèmes de santé publique et ne reçoivent un apport calorique bien inférieur aux apports journaliers recommandés.

« De plus, les civils blessés lors des combats ne peuvent être transportés hors du Vanni pour recevoir des soins d’urgence, en raison des barrages routiers mis en place par les forces de sécurité. »

Bien que le gouvernement sri-lankais assure avoir la situation en main, les faits tendent à montrer qu’il n’a pas les moyens d’apporter aux personnes déplacées l’aide humanitaire dont elles ont besoin.

La lettre précise que « l’accès de l’aide humanitaire au Vanni est toujours restreint. Seuls les convois alimentaires approuvés par le gouvernement sont autorisés à pénétrer dans la région depuis que les autorités ont ordonné aux Nations unies, et à presque toutes les organisations humanitaires, de quitter la zone le 9 septembre 2008. »

Les 29 et 30 décembre 2008, une mission de soutien interorganisations a accompagné le convoi dirigé par le Programme alimentaire mondial afin de contrôler la mise en œuvre des programmes financés par les Nations unies et d’effectuer une évaluation des besoins.

La lettre indique également que « cette mission a constaté une vulnérabilité accrue des populations civiles résultant de plusieurs facteurs, notamment des affrontements en cours, des déplacements récents et répétés à l’intérieur d’une zone de plus en plus restreinte, des dommages liés aux inondations, ainsi que de la réduction des moyens et du manque de matériel permettant de répondre à des besoins urgents en termes d’hébergement et d’installations sanitaires ».

Amnesty International a demandé à M. Menon d’évoquer une autre question : celle du nombre croissant d’attaques visant les médias. Le rédacteur en chef du Sunday Leader, Lasantha Wickramatunge, a récemment été assassiné à Colombo. Une attaque a également été perpétrée contre la chaîne privée Maharaja television/MTV studios à Colombo. Celle-ci a été mise à sac par un gang qui a utilisé des mines de type Claymore pour endommager les locaux.

Les principales recommandations adressées à M. Menon dans la lettre d’Amnesty International sont les suivantes :

aborder le sujet de la protection des civils et insister pour que l’aide humanitaire urgente puisse atteindre les civils pris au piège entre les deux camps ; exercer aussi des pressions sur les LTTE afin que ceux-ci permettent sans délai aux familles déplacées du Vanni de circuler librement ;

insister pour que des observateurs internationaux évaluent les besoins humanitaires des 250 000 personnes prises aux piège dans le Vanni et pour qu’une distribution correcte de la nourriture et de l’aide humanitaire soit assurée, en particulier maintenant que les combats se rapprochent de la population civile piégée ;

soulever la question des attaques visant les médias et la presse, afin qu’une enquête impartiale soit menée sur ces agissements ;

évoquer la dégradation généralisée de la situation des droits humains dans le pays, même dans les régions qui ne sont pas directement affectées par le conflit.