Retour à « la normale » à Gaza au milieu des destructions et dans un climat d’inquiétude

Une semaine après le début du cessez-le-feu, les rues de Gaza sont à nouveau très animées et la situation semble revenir à la normale. Comme a pu le constater l’équipe d’Amnesty International qui s’est rendue dans la bande de Gaza, de nombreuses personnes s’affairent à tenter de réparer les dommages qui ont été causés au cours de la guerre qui a débuté le 27 décembre et duré trois semaines.

Dans le dernier message qu’elle a déposé sur le blog d’Amnesty International (en anglais), l’équipe dit que la menace d’une reprise du conflit n’est que trop réelle alors que les gens tentent de reconstruire leur vie. Le cessez-le-feu a officiellement pris fin et la population s’inquiète de ce qui va suivre.

Dimanche, l’équipe s’est rendue dans le camp de réfugiés de Jabalia, dans le nord de la bande de Gaza. Il s’agit de l’une des zones urbaines les plus densément peuplées dans un des territoires les plus densément peuplés de la planète, avec des tours d’appartements serrées les unes contre les autres de chaque côté de rues étroites. L’équipe a visité de nombreuses maisons frappées par des armes qui n’auraient jamais dû être utilisées contre des agglomérations.

Alors qu’elle s’entretenait avec une femme âgée qui a eu une jambe cassée et d’autres blessures à la suite d’une attaque israélienne contre sa maison, les enfants de la famille sont rentrés beaucoup plus tôt que prévu : les écoles avaient renvoyé les enfants chez eux parce que des avions de guerre F-16 israéliens avaient survolé Gaza, ce qui avait fait craindre une éventuelle reprise des bombardements israéliens.

En plein centre de Jabalia, l’équipe a visité un immeuble de neuf étages où habitaient plus de 100 personnes. Durant les trois semaines de conflit, il a été touché par des balles et par un obus d’artillerie de 155 mm au phosphore blanc qui, en explosant, a fait de grands trous dans les murs et déclenché un incendie dans une pièce près de laquelle dormait un bébé de six mois. De plus, un missile a tué cinq personnes, y compris un vieil homme de soixante-douze ans cloué dans une chaise roulante, et en a blessé neuf autres.

Dans une maison du voisinage, une jeune femme de vingt-huit ans mère de cinq jeunes enfants a été tuée par l’explosion d’un missile alors qu’elle étendait le linge sur la terrasse située sur le toit. Sa fille de sept ans se tenait à quelques pas d’elle au moment de l’attaque.

Dans une autre maison encore, deux petits garçons, des frères âgés de trois et quatre ans, ont été tués et leurs deux grands frères de sept et huit ans gravement blessés quand deux obus tirés par un tank ont traversé le mur de la pièce où ils jouaient, et explosé.

« Il est incompréhensible que des gens n’aient pas imaginé que de telles attaques contre une zone résidentielle aussi densément peuplée que Jabalia allaient faire un grand nombre de morts et de blessés », a écrit Donatella Rovera sur le blog.