Les ministres européens priés de contribuer à la fermeture de Guantánamo

À la suite du décret pris par le président Barack Obama qui prévoit la fermeture du centre de détention de Guantánamo, une coalition d’organisations de défense des droits humains appelle les ministres des Affaires étrangères des pays membres de l’Union européenne à participer à ce processus. Elle appelle ces ministres à apporter leur aide en offrant une protection humanitaire aux détenus qui risquent de subir de graves atteintes aux droits humains, notamment des actes de torture, s’ils sont renvoyés dans leur pays d’origine

Dans une lettre ouverte commune adressée aux ministres qui participent au conseil Affaires générales et relations extérieures (CAGRE) réuni aujourd’hui à Bruxelles, cette coalition affirme que le moment est venu « pour les États européens de prendre des mesures humaines et pratiques afin de contribuer à réparer une terrible erreur ».

Cette lettre, qui a été rendue publique vendredi dernier, est signée par Amnesty International, le Centre de défense des droits constitutionnels (CCR), Human Rights Watch, la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) et Reprieve.

Elle contient notamment la déclaration suivante : « Nos organisations pensent sincèrement que le consentement des gouvernements européens à offrir une protection humanitaire aux détenus de Guantánamo qui ne peuvent pas être renvoyés dans leur pays est essentiel pour la réussite d’un plan de fermeture de ce centre de détention, et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour vous aider en ce sens. »

Les premières mesures prises par le président Obama depuis son entrée en fonction ont été de suspendre les procédures des commissions militaires à Guantánamo et de signer un décret relatif à la fermeture de ce centre de détention, ainsi qu’un autre concernant les pratiques en matière d’interrogatoire employées par le personnel américain.

Les cinq organisations de la coalition ont salué ces initiatives positives, tout en mettant l’accent sur le fait que le gouvernement de Barack Obama aurait besoin de l’aide des gouvernements européens pour mettre en œuvre un plan de fermeture du centre de détention.

Près de sept ans après l’ouverture du camp de Guantánamo, quelque 245 prisonniers y sont détenus. Une soixantaine environ risquent d’être torturés ou de subir d’autres graves atteintes à leurs droits fondamentaux s’ils sont renvoyés dans leur pays d’origine. Au moins un de ces détenus est apatride.

Les États-Unis décideront peut-être d’accueillir certains d’entre eux sur leur territoire, mais les autres ont besoin d’une protection humanitaire dans d’autres pays où ils seront en sécurité.

« Amnesty International espère qu’à l’issue de cette réunion, les États membres de l’Union européenne se diront prêts à offrir leur aide pour la fermeture de Guantánamo, et qu’ils joindront le geste à la parole en cherchant des lieux d’accueil pour les détenus ne pouvant être renvoyés dans leur pays d’origine », a déclaré Nicolas Beger, directeur du bureau européen d’Amnesty International.