Gaza en ruines : l’équipe d’Amnesty International rend compte de la situation

L’équipe d’Amnesty International, qui est arrivée dans la ville de Gaza samedi, a continué de rassembler des éléments de preuve concernant l’étendue des destructions.

Dans un message publié sur le blog d’Amnesty International (en anglais), l’équipe indique que « des quartiers auparavant très animés ont pris des aspects de paysage lunaire » et qu’« il n’existe pas d’objectifs assez larges pour rendre compte de l’ampleur des dégâts ».

L’équipe dit également que des lignes électriques ont été arrachées et des canalisations d’alimentation en eau détruites. Les infrastructures de Gaza sont à présent dans un état catastrophique. Les coupures de courant prolongées sont la norme, des dizaines de milliers de personnes ne peuvent pas avoir d’eau potable et les égouts se déversent dans les rues en raison des ruptures de canalisations.

Lundi, l’équipe a appris qu’au cours des trois dernières semaines les gens ne pouvaient nulle part se sentir en sécurité. Des écoles, des centres médicaux et des bâtiments de l’ONU ont été directement touchés par les bombardements aveugles de l’armée israélienne. Des obus d’artillerie destinés à être utilisés sur des champs de bataille classiques, et non contre des cibles précises, ont été tirés sur des zones résidentielles densément peuplées.

Dans une école primaire de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA) à Beit Lahiya, où 1 898 personnes s’étaient réfugiées pour se mettre à l’abri des affrontements, un obus a touché à six heures du matin une salle de classe du deuxième étage où 35 personnes étaient en train de dormir. Deux petits garçons de cinq et sept ans, qui étaient frères, ont été tués.

« Leur grande sœur de dix-huit ans a été gravement blessée et il a fallu lui amputer une jambe. Leur mère a perdu une main et subi de graves blessures à la tête. Douze autres personnes ont été blessées. Leurs proches nous ont dit qu’ils s’étaient sauvés de chez eux pour échapper aux bombardements et qu’ils s’étaient installés dans l’école dans l’espoir d’y être en sécurité. »

Non loin des ruines de l’École américaine de Gaza, l’équipe s’est entretenue avec le père de Mahmoud Mohammed Selmi Abu Qleiq, le gardien de l’école tué dans le bombardement des bâtiments par un avion F16 israélien. La seule école internationale de Gaza, considérée comme « un élément de la vision de l’avenir de la Palestine », n’est plus qu’un amas de câbles entremêlés et d’énormes morceaux de béton.

« Le vieil homme s’est assis devant les décombres et a raconté qu’il avait essayé d’appeler son fils sur son portable quand il a entendu les énormes explosions, mais qu’il n’avait pas pu le joindre […] Le corps de son fils a été retrouvé à 50 mètres de l’école. »

L’équipe a également visité les locaux de l’UNRWA dans la ville de Gaza, qui ont été touchés par des tirs israéliens le 15 janvier. Des entrepôts remplis de nourriture, de médicaments et d’autres fournitures de l’aide humanitaire ont été détruits par des bombes au phosphore blanc et hautement explosives tirées par l’armée israélienne.

« Quatre jours après, le feu n’est toujours pas éteint. Ce sont les restes calcinés et encore fumants de réserves, totalement détruites, de nourriture et de médicaments d’une valeur de plusieurs millions de dollars. À l’extérieur des entrepôts le sol est encore glissant en raison des milliers de litres d’huile alimentaire qui ont brulé et qui se sont répandus. Plusieurs véhicules de l’ONU ont également été détruits par ces attaques. »

L’hôpital d’al-Quds dans la ville de Gaza a aussi été touché par ces attaques. Des réserves de produits médicaux ont été brûlées et des ambulances ont été écrasées par des chars israéliens et utilisées pour édifier des barrages routiers.

« Des centaines de personnes vivant dans des immeubles du voisinage s’étaient réfugiés dans les bâtiments de l’hôpital, tout comme d’autres, dans d’autres quartiers de la ville, s’étaient réfugiés dans le complexe de l’ONU ou dans des écoles, pensant qu’il y seraient à l’abri des attaques israéliennes. Ils se sont trompés. »