Une équipe d’Amnesty International entre dans la bande de Gaza

Une équipe d’enquêteurs d’Amnesty International est arrivée dans la ville de Gaza samedi, quelques heures avant que le gouvernement israélien n’annonce un cessez-le-feu. L’équipe est passée par l’Égypte et est entrée dans la bande de Gaza par le point de passage de Rafah. Elle a ensuite rejoint la ville de Gaza par la route en remontant vers le nord.

L’équipe d’Amnesty International a indiqué sur le blog de l’organisation Livewire blog avoir trouvé des éléments montrant que l’armée israélienne a largement utilisé du phosphore blanc dans des secteurs densément peuplés de la ville de Gaza et dans ses environs.

« Dans une ruelle de la ville de Gaza nous avons vu des enfants courir pieds nus au milieu de morceaux de phosphore blanc encore incandescents. Nous en avons également trouvé sur le toit de la maison d’une famille et dans une rue très passante. »

L’équipe indique aussi que les secouristes peuvent enfin extraire les corps des décombres des maisons, car l’armée israélienne les empêchait auparavant d’accéder à ces secteurs.

Dans le quartier de Zaitoun, à Gaza, des secouristes dégageaient les corps de membres de la famille Sammuni ensevelis sous les décombres de leur maison. Ils avaient été tués lors d’attaques aériennes israéliennes deux semaines plus tôt, et l’armée israélienne avait ensuite rasé la maison au bulldozer, par-dessus les corps.

« L’armée israélienne n’a pas permis aux secouristes d’accéder à ce secteur, malgré de nombreuses demandes. Les corps étaient dans un état de décomposition avancée. L’odeur était insupportable. »

L’équipe a appris que plus de 100 corps en décomposition avaient été retirés des décombres dans plusieurs quartiers de Gaza.

« À Zaitoun, il n’y avait pas beaucoup de machines pour faciliter le travail des secouristes. Les gens utilisaient des masses et déblayaient même les décombres à mains nues afin de pourvoir extraire les corps ensevelis sous les morceaux de béton aplatis. »

À côté des ruines de la maison de la famille Sammuni, l’équipe d’Amnesty International a découvert que des soldats israéliens s’étaient emparés de maisons qu’ils avaient utilisées comme positions militaires.

« Les soldats avaient non seulement percé des trous dans les murs extérieurs pour pouvoir tirer, mais aussi vandalisé les meubles et tout ce qui se trouvait dans les maisons. »

Malgré l’annonce du cessez-le-feu israélien, l’équipe a entendu dimanche des tirs d’artillerie israéliens dans le nord de la ville de Gaza. Dans la soirée, des défenseurs des droits humains et des médecins locaux lui ont signalé que dans la matinée, dans le nord de Gaza, une petite fille de onze ans avait été tuée et sa mère blessée.

« Tout au long de la journée, partout où nous allions dans la ville de Gaza et dans ses environs, nous avons trouvé toujours plus de maisons, de mosquées, d’écoles et de bâtiments officiels soit complètement rasés par les bombes larguées par les chasseurs F16, soit rendus inhabitables par les tirs d’artillerie et les frappes de missiles. »

Amnesty International avait demandé à maintes reprises aux autorités israéliennes la possibilité d’entrer dans la ville de Gaza depuis Israël par le point de passage d’Erez, mais ses demandes étaient restées sans réponse. Les autorités israéliennes interdisent aux défenseurs des droits humains et aux journalistes étrangers pratiquement tout accès à Gaza depuis le début du mois de novembre 2008.