Des jeunes israéliens incarcérés pour avoir refusé de servir dans l’armée

Des militants pacifistes en Israël et ailleurs dans le monde participent à une journée d’action pour demander aux autorités israéliennes de libérer des jeunes gens incarcérés pour avoir refusé de servir dans l’armée pour des raisons de conscience. Tamar Katz, Raz Bar-David Varon et Yuval Oron-Ofir sont des objecteurs de conscience qui purgent tous trois leur troisième peine d’emprisonnement. Aux moins six autres jeunes gens – garçons et filles – ont été incarcérés ces derniers mois pour avoir refusé d’être incorporés dans l’armée, et au moins deux jeunes femmes risquent d’être très prochainement emprisonnées. Leur refus de s’enrôler est lié à leur opposition à l’occupation militaire israélienne des territoires palestiniens et aux pratiques de l’armée israélienne dans ces territoires. Ils estiment qu’en se rangeant sous les drapeaux, ils participeraient à des atteintes aux droits humains dans lesquelles ils refusent d’être impliqués. Amnesty International s’est jointe à leur campagne. L’organisation considère ces jeunes gens comme des prisonniers d’opinion et demande leur libération immédiate et sans condition. Âgée de dix-neuf ans, Tamar Katz a déjà passé cinquante jours en détention et purge sa troisième peine d’emprisonnement. Elle a affirmé dans sa déclaration de refus : « Je ne veux pas appartenir à une armée occupante. […] Je ne veux pas faire partie de ceux qui pointent leur arme en direction des civils palestiniens, et je ne crois pas que de telles interventions puissent apporter un quelconque changement, mis à part un plus grand antagonisme et plus de violence dans notre région. »

Pour avoir refusé de porter un uniforme militaire en prison, la jeune fille est maintenue à l’isolement et n’est pas autorisée à recevoir des visites de sa famille.   Raz Bar-David Varon, âgée de dix-huit ans, purge elle aussi sa troisième peine d’emprisonnement. Le jour de son arrestation, elle a déclaré : « J’ai vu cette armée démolir, viser avec des armes à feu et humilier des personnes que je ne connaissais pas. […] Cela me fait mal de voir des gens, des Palestiniens, agressés si violemment, et cela me fait souffrir également lorsque ces personnes retournent ensuite leur haine contre moi à cause de ces agissements. Je ne suis pas venue au monde pour être un soldat qui occupe le territoire de quelqu’un d’autre. […] Je me dois de refuser. »Yuval Oron-Ofir a été incarcéré pour la troisième fois le 14 décembre. Ce jeune homme de dix-neuf ans a donné les raisons de son refus d’être enrôlé : « Il y a une autre voie, qui n’est pas celle de la guerre. C’est la voie du dialogue, de la compréhension, […] de la paix. Je ne rejoindrai pas une armée dont je ne peux pas soutenir les actions ni justifier le comportement. » Les jeunes gens qui refusent d’effectuer leur service militaire parce qu’ils ne veulent pas se retrouver dans une situation où ils pourraient permettre que des violations des droits humains se produisent, ou participer à de tels actes, sont généralement envoyés en prison pendant plusieurs mois. Il n’existe pas en Israël de service civil de remplacement. Il y a certes une « commission d’objection de conscience » au sein de l’armée, mais l’exemption n’est généralement accordée qu’à celles et ceux qui refusent de faire leur service pour des raisons religieuses. Les jeunes gens qui déclarent refuser d’être sous les drapeaux pour des raisons de conscience – parce qu’ils sont pacifistes ou qu’ils s’opposent aux opérations de l’armée dans les territoires palestiniens occupés – sont la plupart du temps emprisonnés. Dans le même temps, les soldats israéliens qui commettent de graves violations des droits humains, notamment des crimes de guerre tels que des homicides illégaux de civils non armés, des pilonnages de zones résidentielles densément peuplées ou des destructions injustifiées d’habitations, restent généralement impunis. « Une telle politique envoie un message inapproprié à la société israélienne et à la jeunesse de ce pays en particulier, a déclaré Donatelle Rovera, chargée de recherches sur Israël et les territoires palestiniens occupés à Amnesty International. Tous les objecteurs de conscience doivent avoir la possibilité de soumettre les raisons de leur objection à une instance décisionnaire impartiale et indépendante. « Amnesty International demande aux autorités israéliennes de faire en sorte qu’un tel organe soit créé et, en attendant qu’il ait vu le jour, de remettre en liberté immédiatement et sans condition les objecteurs de conscience actuellement détenus et de ne pas en incarcérer d’autres. »