Somchai Homlaor, défenseur des droits humains en Thaïlande

Somchai Homlaor est l’une des figures de proue du mouvement de défense des droits humains en Thaïlande depuis vingt-cinq ans. En octobre 1973, alors qu’il passait son diplôme de droit à la prestigieuse université Thammasat, il prit la tête avec d’autres du mouvement de contestation lancé par les étudiants en faveur de la démocratie et des droits humains, qui fut violemment réprimé par le gouvernement militaire.

Trois ans après ce baptême du feu, il avait fondé une organisation de défense des droits humains et se retrouva de nouveau en première ligne des protestations d’octobre 1976, qui s’achevèrent également dans le sang – lui-même fut blessé. Placé en détention pendant dix mois sur la base de fausses accusations, il dut ensuite se réfugier dans la jungle du nord du pays, contrôlée par le Parti communiste de Thaïlande. Il y resta trois ans.

Depuis, Somchai Homlaor a fondé, dirigé ou été un membre éminent de presque tous les grands mouvements ou organisations de défense des droits humains en Thaïlande.

En 1986, ses activités auprès d’Amnesty International le forcèrent à quitter de nouveau son foyer, cette fois pour l’étranger. La publication par notre organisation d’éléments montrant qu’un réfugié cambodgien avait été torturé par l’armée thaïlandaise contraignit en effet Somchai Homlaor, qui avait recueilli la plupart de ces informations, à se réfugier à Hong Kong.

Il a été à plusieurs reprises durant les années 1990 secrétaire général de la Campagne pour une démocratie populaire et du Forum asiatique pour les droits humains et le développement. C’est la Campagne pour une démocratie populaire qui emmena le soulèvement du « mai noir » de 1992, au terme duquel le gouvernement soutenu par les militaires fut renversé. L’insurrection fit de nombreuses victimes parmi la population civile.

Sous sa conduite, le Forum asiatique pour les droits humains et le développement devint la plus importante organisation de défense des droits fondamentaux d’Asie du Sud-Est.

Somchai Homlaor a été également président de l’Union pour les liberté civiles, président de la Commission des droits humains de l’ordre des avocats de Thaïlande et membre du conseil d’administration de la Fondation du 14 octobre, qui œuvre pour garder vivant le souvenir des manifestations de 1973.

Aujourd’hui, Somchai Homlaor use de son expérience et de son savoir-faire de juriste au sein de structures de défense des droits humains très diverses. À la Commission nationale des droits humains, organe indépendant qui lui a décerné en 2007 le prix du défenseur thaïlandais des droits humains, il est vice-président de la sous-commission sur les disparitions forcées, la législation, la politique et le système judiciaire, et de celle sur la torture.

Il est membre de la Commission nationale de réforme de la législation créée en vertu de la Constitution, et membre du bureau exécutif du Conseil du développement politique.

Somchai Homlaor est également membre des instances de Focus on the Global South, une ONG internationale agissant pour le commerce équitable ; conseiller juridique au bureau régional pour l’Asie et le Pacifique de la Commission internationale des juristes, qui œuvre au respect de l’état de droit ; membre du comité exécutif du groupe de travail thaïlandais pour la création d’un mécanisme de défense des droits humains au niveau de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE) ; et membre du comité exécutif de l’Institut asiatique pour les droits humains.

À l’origine de la Fondation pour les droits humains et le développement, il est secrétaire général de cette organisation qui s’occupe des travailleurs migrants. Il est aussi président du Comité de campagne pour les droits humains, qui milite pour la défense des droits fondamentaux.

L’aspect le plus important de son action se situe peut-être au sein de la Fondation transculturelle, une ONG qui met en place des activités éducatives et des formations dans le domaine des droits humains et essaie de jeter des ponts entre les différentes composantes de la société. La Fondation travaille en particulier sur le conflit armé opposant des insurgés musulmans aux forces de sécurité, dont les membres sont en grande partie bouddhistes, dans le sud de la Thaïlande.

« À un moment où, au plan aussi bien régional qu’international, la plupart des organisations intergouvernementales et des organisations de défense des droits humains portent leur efforts sur le Myanmar, Somchai Homlaor et la Fondation transculturelle rappellent utilement l’existence d’un conflit qui a fait plus de 3 500 morts depuis janvier 2004, et œuvrent pour apporter de réels changements à la situation sur place », a déclaré Donna Guest, directrice adjointe du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.