L’armée israélienne bloque l’entrée de l’aide humanitaire à Gaza

L’armée israélienne a totalement bloquée l’arrivée de l’aide humanitaire et des fournitures médicales attendues d’urgence dans la bande de Gaza depuis plus d’une semaine. Elle n’a permis l’entrée que d’une très faible quantité de carburant. Amnesty International a exhorté vendredi les autorités israéliennes à permettre immédiatement le passage de l’aide et des fournitures.

« Le récent renforcement du blocus israélien s’est traduit par une nette détérioration de la situation humanitaire, déjà désastreuse. Il s’agit bel et bien d’une sanction collective imposée à la population civile de Gaza, et elle doit cesser immédiatement », a déclaré Philip Luther, directeur adjoint du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Quatre-vingt p. cent de la population de Gaza dépend de l’aide humanitaire qui lui était versée au compte-gouttes jusqu’au mercredi 5 novembre. La fourniture de carburant industriel, donné par l’Union européenne (UE) et nécessaire pour le fonctionnement des centrales électriques à Gaza, a également été bloquée, ce qui a causé des coupures d’électricité dans de vastes secteurs de Gaza.

Abu Khalil, qui habite dans la ville de Gaza, a dit à Amnesty International jeudi soir : « Aujourd’hui je suis allé dans plusieurs boulangeries pour trouver du pain, mais il n’y en avait nulle part. Il n’y a pas d’électricité, il fait noir comme dans un four.

« Il y a quelques mois, nous avons acheté une cuisinière électrique, parce qu’il est difficile et très coûteux de se procurer du gaz domestique, mais comme il n’y a pas électricité, nous ne pouvons plus cuisiner. Nous restons assis à la maison dans le noir. Les enfants ne savent pas quoi faire. Nous ne pouvons rien faire. Combien de temps encore allons-nous devoir vivre ainsi ? »

D’autres habitants de Gaza ont déclaré à Amnesty International qu’ils n’arrivaient même plus à trouver des bougies au marché. Ils ont ajouté que les rares personnes ayant chez elles un générateur de secours et disposant encore d’un peu de carburant n’osent pas l’utiliser car nul ne sait quand l’électricité reviendra.

Jeudi 13 novembre, l’Office de secours et de travaux pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), le principal organisme d’aide des Nations unies, qui apporte une assistance humanitaire à près d’un million de réfugiés palestiniens à Gaza, a annoncé que ses réserves étaient épuisées.

John Ging, chef des opérations de l’UNRWA à Gaza, a déclaré aux médias : « Cela fait maintenant assez longtemps que nous agissons au jour le jour, alors ces restrictions ont des effets immédiats sur notre travail. »

Cela faisait plusieurs jours que l’UNRWA tirait la sonnette d’alarme en disant qu’elle arrivait au bout de ses réserves.

Parallèlement à cela, les autorités israéliennes ont empêché pendant une semaine les journalistes étrangers d’entrer à Gaza et jeudi une délégation de diplomates européens a également été refoulée.

« Gaza est coupée du monde et Israël semble ne pas vouloir que le monde voie les souffrances qu’endurent, en raison de son blocus, un million et demi de Palestiniens qui sont pour ainsi dire pris au piège à Gaza », a ajouté Philip Luther.

La rupture la semaine dernière d’un cessez-le-feu observé pendant cinq mois et demi par les forces israéliennes et les militants palestiniens à Gaza s’est traduite par une nouvelle vague de violence. L’homicide de six militants palestiniens, victimes d’une offensive terrestre et de frappes aériennes menées par les forces israéliennes le 4 novembre, a été suivi par un tir de barrage de roquettes palestiniennes sur les villes et villages israéliens voisins.

Ces derniers jours, cinq autres militants palestiniens ont été tués par l’armée israélienne. Les tirs de roquettes palestiniens se sont poursuivis. Aucune victime israélienne n’était à déplorer jusqu’à ce 14 novembre 2008, lorsqu’un Israélien a été légèrement blessé par des éclats d’obus lors d’une attaque visant la ville israélienne de Sderot.

« Il faut rapidement mettre fin à cette dangereuse flambée d’attaques et de contre-attaques. L’expérience passée a montré aux deux camps que leurs agissements mettent en danger la vie des populations civiles de Gaza et du sud d’Israël », a rappelé Philip Luther.

Au cours du premier semestre 2008, avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 juin, quelque 420 Palestiniens avaient été tués par les forces israéliennes, dont la moitié étaient des civils non armés, parmi lesquels figuraient environ 80 enfants. Durant la même période, les groupes armés palestiniens ont tué 24 Israéliens, dont 15 civils, parmi lesquels quatre enfants.

Le cessez-le-feu respecté pendant cinq mois et demi avait apporté un répit plus que bienvenu aux civils qui vivent à Gaza et dans le sud d’Israël. Ils enduraient depuis huit ans des attaques quotidiennes qui ont coûté la vie à quelque 4 750 Palestiniens et 1 100 Israéliens.

La plupart des victimes dans les deux camps ont été des civils non armés, dont environ 900 enfants palestiniens et 120 enfants israéliens.