Le cessez-le-feu en péril à Gaza

Une série d’attaques et de contre-attaques israéliennes et palestiniennes commises au cours des dernières vingt-quatre heures pourrait sonner le glas d’un cessez-le-feu de cinq mois et demi. Cela placerait une nouvelle fois en ligne de mire les populations civiles de la bande de Gaza et du sud d’Israël.

L’homicide de six militants palestiniens à Gaza, victimes d’une offensive terrestre et de frappes aériennes menées par les forces israéliennes le 4 novembre, a été suivi par un tir de barrage de dizaines de roquettes palestiniennes sur des villes et villages proches dans le sud d’Israël. Les attaques palestiniennes n’ont pas fait de victimes ni de dégâts, mais toute nouvelle action armée de l’un des deux camps risque fort de déclencher une nouvelle campagne meurtrière.

Le cessez-le-feu a été conclu entre Israël et le Hamas en juin dernier, et il a depuis été respecté. C’est le principal facteur qui a permis de ramener le nombre de victimes civiles et d’attaques contre des civils à leur plus bas niveau depuis le début du soulèvement (Intifada), il y a plus de huit ans.

Le cessez-le-feu a grandement amélioré la qualité de vie de la population à Sderot et dans d’autres villages israéliens proches de Gaza où, avant cette trêve, les habitants vivaient dans la peur du prochain tir de roquettes palestiniennes. Toutefois, non loin de là, dans la bande de Gaza, le blocus israélien est maintenu et la population n’a encore guère récolté les fruits du cessez-le-feu. Depuis juin 2007, toute la population de la bande de Gaza, à savoir 1,5 million de Palestiniens, est prise au piège ; elle doit faire face à des ressources qui s’amenuisent et à une économie en ruine. Environ 80 % de la population dépend maintenant de l’aide internationale, que l’armée israélienne laisser passer au compte-gouttes.

Au cours du premier semestre de 2008, avant l’entrée en vigueur du cessez-le-feu le 19 juin, quelque 420 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes. La moitié des victimes étaient des civils non armés, parmi lesquels environ 80 enfants. Durant la même période, les groupes armés palestiniens ont tué 24 Israéliens, dont 15 civils, parmi lesquels quatre enfants.

Au cours des huit dernières années, les violences entre Israéliens et Palestiniens ont coûté la vie à quelque 4 750 Palestiniens et à un millier d’Israéliens. La plupart des victimes dans les deux camps étaient des civils non armés, dont environ 900 enfants palestiniens et 120 enfants israéliens.

« Si le cessez-le-feu est rompu et si les attaques quotidiennes reprennent, les populations civiles, tant en Israël qu’à Gaza, en paieront le prix fort, a déclaré Donatella Rovera, du Programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International. Les deux parties doivent s’éloigner du bord du gouffre et éviter à tout prix le retour à une spirale de la violence haineuse qui a fait de terribles ravages en termes de vies humaines. »