L’Europe s’unit face à la discrimination contre les Roms

Des Roms et des militants défenseurs des droits humains venus de toute l’Europe se sont rencontrés à Londres à l’initiative d’Amnesty International. L’objectif de ces rencontres, qui ont eu lieu du 24 au 26 novembre, était de mettre sur pied une nouvelle stratégie commune de lutte contre la discrimination à l’égard des Roms d’Europe, l’un des peuples les plus marginalisés du continent.

« Le principal problème des défenseurs des Roms sur le terrain est qu’ils lancent leurs appels du haut d’un gouffre – et qu’il n’y a pas d’écho. Leurs demandes restent sans réponse, déclare Larry Olomoofe, du Centre européen pour les droits des Roms à Budapest. Amnesty International peut amplifier ces voix locales et leur donner un moyen de se faire entendre. »

Cette opération permettra de mettre davantage en lumière les travaux menés par Amnesty International sur les droits de ces personnes, et de rapprocher son action de celle des groupes roms.

« Il faut inclure tout le monde. Si l’on veut travailler avec les Roms, il faut les faire participer, dit Olomoofe. Trop souvent, les portes se ferment devant les ONG locales – et devant les personnes. Mais cela devrait changer. Le soutien d’Amnesty International donne à la question une plus grande crédibilité. »

Olomoofe pense que les sections locales de l’organisation doivent pouvoir contribuer, de manière conséquente, à traiter les problèmes relatifs aux Roms.

« Les sections locales d’Amnesty International et les autres ONG devraient bénéficier d’une plus grande autonomie afin de pouvoir travailler plus promptement. Des rencontres comme celle-ci créeront des liens pour une action commune grâce à laquelle Amnesty International pourra nous faire confiance à l’avenir. »

Valeriu Nicolae, directeur exécutif de la European Roma Grassroots Organisation (ERGO), est conscient de l’ampleur de la tâche.

« Jusqu’à présent, les actions menées sur le plan des droits humains n’ont pas eu beaucoup d’effets, puisque la situation des Roms ne s’est pas améliorée. En outre, la société civile ne nous soutient pas assez. Nous n’intéressons pas les syndicats ; nous n’intéressons pas les groupes de femmes ; nous n’intéressons pas les organismes de défense de l’égalité. Depuis de nombreuses années, les ONG protégeant les Roms n’arrivent que très mal à se faire entendre. Mais cela peut changer. »

Amnesty International va s’employer à faire pression sur les autorités des États. « Il arrive souvent que les défenseurs des droits des Roms soient traités par le mépris, mais quand cela vient d’Amnesty International les autorités y prêtent attention. Elles ne l’avoueront pas forcément, mais elles se mettront au travail parce qu’elles sentent qu’elles ont été prises au piège », dit Valeriu Nicolae.

En République tchèque, Amnesty International constate déjà le fruit d’une collaboration étroite avec les ONG locales.

« Les différentes ONG sont fortes, chacune dans son domaine. Certaines se concentrent sur le travail de terrain, d’autres sur les questions juridiques. La force d’Amnesty International réside dans ses campagnes d’action, explique Jindra Parizkova, coordonnatrice de la section tchèque d’Amnesty International pour l’éducation aux droits humains.

« Notre rôle est de nous adresser au grand public et aux autorités. Nous pouvons renforcer l’action des ONG locales en exerçant ensemble un travail de pression. Ce n’est qu’ainsi que ça pourra marcher. Par exemple, nous avons rencontré le ministre tchèque de l’Éducation et nous avons déjà vu des signes de coopération. »

L’action de la coalition en République tchèque s’est beaucoup concentrée sur les écoles. Jindra Parizkova ajoute : « Nous voulons combiner les questions touchant aux Roms à l’éducation aux droits humains. Nous avons plusieurs idées, comme la réalisation de plateaux de jeu pour les écoles portant sur tous les groupes marginalisés, pas seulement les Roms. »

Valeriu Nicolae acquiesce : « Ce n’est pas seulement une question de droits de certains peuples. C’est une question qui relève des droits humains en général. »