Deux pendaisons au Japon

Deux hommes ont été exécutés par pendaison le jeudi 28 octobre, ce qui a porté à 15 le nombre d’exécutions dans le pays cette année. Les deux condamnés s’appelaient Michitoshi Kuma et Masahiro Takashio. Ce sont les premières exécutions approuvées par le ministre de la Justice, Mori Eisuke, depuis sa prise de fonctions en septembre.

Le Japon a exécuté neuf personnes en 2007. Une centaine de personnes se trouvent encore sous le coup d’une condamnation à mort.

« Le Japon a exécuté trois personnes en septembre et procédé en moyenne à une exécution tous les deux mois cette année, a expliqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. Faisant fi de la tendance mondiale en faveur de l’abolition de la peine de mort, le Japon va à contre-courant et augmente le nombre d’exécutions. »

Cette année, la Coalition mondiale contre la peine de mort avait choisi le Japon comme l’un des six pays dont les cas devaient être exposés à l’occasion de la Journée mondiale contre la peine de mort, le 10 octobre. Lors de cette journée, la Coalition a exprimé ses préoccupations au sujet de l’application de ce châtiment au Japon, et notamment sur le secret qui l’entoure.

Le 15 octobre, le Comité des droits de l’homme des Nations unies a étudié le rapport du Japon sur l’application du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et plus particulièrement les aspects se rapportant au droit à la vie et au droit de ne pas être soumis à la torture ou à des traitements cruels, inhumains ou dégradants. Le Japon a déclaré qu’il n’avait aucune intention d’abolir la peine de mort.

Les condamnés sont exécutés par pendaison, généralement dans le plus grand secret. On ne leur annonce l’imminence de leur exécution que le matin même, et leurs proches sont généralement informés de leur mort seulement après les faits.

Le ministère de la Justice affirme que ces méthodes sont destinées à protéger les familles de la « honte » et à réduire le stress des prisonniers. De fait, ces personnes vivent dans la peur constante d’être mis à mort. Subir cette tension continuelle pendant des années, voire des décennies, a entraîné des dépressions et des maladies mentales chez les condamnés à mort.

Amnesty International a demandé au gouvernement japonais de commuer toutes les condamnations à mort, d’adopter un moratoire formel sur les exécutions comme mesure préliminaire à la suppression de la peine capitale, conformément à la résolution adoptée l’an dernier par l’Assemblée générale des Nations unies, et de lancer un débat public et parlementaire sur l’abolition de ce châtiment.