La crise humanitaire et des droits humains de la province du Nord-Kivu (dans l’est de la République démocratique du Congo RDC) s’aggrave rapidement. Les forces rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) menacent de déborder les troupes gouvernementales et la MONUC, la mission de maintien de la paix des Nations unies.
Le 28 octobre, le CNDP, sous le commandant du général dissident Laurent Nkunda, a envahi la ville de Rutshuru. Le CNDP progresse maintenant vers Goma, la capitale de la province.
Pris de panique, des milliers de civils fuient à son approche, et doivent abandonner leurs camps et villages pour aller au nord de Goma, tandis que s’affrontent les forces gouvernementales et les rebelles.
La MONUC atteint ses limites. Cette mission, qui compte 17 000 membres, est la plus grande force onusienne de maintien de la paix au monde, mais elle peine à remplir son mandat dans un pays aussi grand.
Plus tôt dans le mois, Alan Doss, le chef de la mission des Nations unies en RDC, avait demandé au Conseil de sécurité des renforts, un soutien aérien et du matériel supplémentaire. Le Conseil de sécurité n’a pas encore indiqué s’il allait accéder à cette demande.
Des mouvements de protestation ont été orchestrés pour dénoncer l’incapacité de la MONUC à endiguer les violences et à protéger les civils.
Ces violences ont entraîné une nouvelle rupture des relations entre la RDC et le Rwanda. Le gouvernement de la RDC a accusé le Rwanda de soutenir le CNDP, et le Rwanda accuse l’armée de la RDC de s’allier aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé essentiellement formé de Hutus.
Les affrontements au Nord-Kivu se sont intensifiés depuis le mois d’août 2008. Ce conflit et d’autres hostilités auraient provoqué le déplacement de plus d’un million de personnes de la province.
Amnesty International demande au Conseil de sécurité des Nations unies de renforcer de toute urgence la mission de maintien de la paix en RDC, et de lui fournir tout le soutien nécessaire à l’accomplissement de son mandat de protection des civils.
Amnesty International souhaite également que des pressions soient exercées au plus haut niveau de la communauté internationale sur la RDC et le Rwanda, pour que ces deux pays résolvent leur différend, et que les groupes armés ne fassent pas sombrer le pays dans un bain de sang.
Dans une lettre adressée au Conseil de sécurité le 23 octobre, Amnesty International a indiqué que la communauté internationale allait voir mise à l’épreuve sa volonté d’instaurer la paix et la sécurité en RDC.
L’organisation a également appelé le Conseil de sécurité à accroître ses pressions sur les groupes armés afin de mettre un terme aux attaques contre les civils et d’obtenir la libération immédiate de tous les enfants utilisés par ces groupes, ainsi que celle des femmes et des jeunes filles retenues comme esclaves sexuelles.
Amnesty International a exigé en outre que le Conseil de sécurité obtienne du gouvernement de la RDC une authentique réforme du secteur de la sécurité, pour que ses forces armés soient en mesure de protéger réellement les civils de façon neutre et professionnelle, les auteurs présumés de violations des droits humains devant être exclus de l’armée et de la police.