Journée mondiale de l’habitat : l’Angola est un choix malvenu

Le choix de Luanda, la capitale angolaise, comme ville phare pour la célébration de la Journée mondiale de l’habitat en 2008 suscite la critique des organisations de défense du droit au logement et de défense des droits humains.

Dans une lettre adressée à la directrice exécutive du Programme des Nations unies pour les établissements humains (ONU-Habitat), qui organise la manifestation, Amnesty International, le Centre on Housing Rights and Evictions, Habitat International Coalition et Human Rights Watch ont fait part de leurs préoccupations.

Le gouvernement angolais a procédé à de nombreuses expulsions massives dans le cadre de projets d’aménagement urbain et de construction de logements de luxe, plongeant dans la misère des dizaines de milliers de personnes.

Des arrestations et des placements en détention arbitraires, des tortures, des mauvais traitements et des actes de harcèlement contre des défenseurs des droits humains ont également marqué ces expulsions forcées.

La Journée mondiale de l’habitat est organisée par les Nations unies pour sensibiliser l’opinion publique sur le droit à un logement convenable pour tous et rappeler au monde sa responsabilité collective quant à l’avenir de l’habitat humain.

Inaugurée en 1986, cette manifestation, également connue comme la Journée internationale pour le droit au logement et à la terre, se tient tous les ans le premier lundi d’octobre. Après Naples, Djakarta, Nairobi et Dubaï, c’est La Haye qui, l’an dernier, avait accueilli les principales célébrations.

L’acte central de la Journée rassemblera au Centre international de conférences de Talatona des participants angolais et étrangers venus d’horizons multiples, notamment des représentants des gouvernements et des municipalités, des parlementaires et des membres du secteur privé. Amnesty International s’est toutefois déclarée préoccupée par les informations selon lesquelles la société civile avait été exclue des cérémonies. La Journée sera également marquée par des manifestations un peu partout dans le monde.

Le thème choisi cette année est celui des Villes harmonieuses, « où chaque personne et chaque culture est chez soi ». Les Nations unies entendent ainsi « sensibiliser sur les problèmes de l’urbanisation rapide, son impact sur l’environnement, la croissance des bidonvilles et l’urbanisation de la pauvreté, car de plus en plus de gens rejoignent les villes à la recherche d’une vie meilleure, peut-on lire sur le site web d’ONU-Habitat (en anglais).

« À une époque où, pour la première fois, la moitié de l’humanité vit dans les villes, la quête d’un logement convenable pour tous avec des services de base comme l’eau, l’assainissement, l’électricité, des soins de santé décents, la sécurité des rues, etc., est plus urgente que jamais, en particulier dans les pays en développement.

« Par ailleurs, il est clair que ce sont les villes qui ont le plus d’impact sur l’environnement et le changement climatique. Et lorsqu’elles sont mal gérées, à cause de la faiblesse des structures de gouvernance, ce sont leurs citoyens et leurs environnements qui souffrent le plus. »

Luanda a été choisie pour accueillir les principales célébrations cette année afin, espérait-on, de « montrer au monde que le pays, après des années de conflit, progresse dans la mise en place de villes harmonieuses grâce à des améliorations dans les infrastructures urbaines et les services ainsi qu’à une nouvelle stratégie de développement urbain. »

Amnesty International et les organisations qui ont adressé la lettre à la directrice exécutive d’ONU-Habitat « reconnaissent les efforts de certains membres du gouvernement angolais en faveur d’une participation plus ouverte et d’une gestion décentralisée, ainsi que les mesures prises pour la reconnaissance du droit à un logement adéquat : entrée en vigueur de lois en matière de logement et d’accès à la terre, et élaboration d’un projet immobilier destiné à fournir des logements sociaux aux jeunes du pays. Il semble cependant que ces bonnes pratiques restent isolées et qu’elles ne bénéficient pas d’un soutien suffisant parmi les responsables angolais.

« Il est malvenu d’ériger l’Angola en exemple et de le placer au centre des célébrations de la Journée mondiale de l’habitat (Journée internationale pour le droit au logement et à la terre), alors que le pays n’a pas encore pris les mesures appropriées pour mettre un terme aux violations du droit à un logement convenable et aux autres atteintes aux droits humains perpétrées dans le cadre des expulsions forcées. Les autorités angolaises et ONU-Habitat infligent ce faisant un affront supplémentaire aux milliers de personnes touchées par les expulsions forcées. »

Les organisations ont demandé à ONU-Habitat de profiter de la tenue à Luanda de la Journée mondiale de l’habitat pour engager le gouvernement angolais à se conformer aux obligations qui sont les siennes au regard du droit international et à prendre sans délai des mesures efficaces pour arrêter les expulsions forcées et empêcher de nouvelles évictions.