Deux mois de prison pour un journaliste égyptien

Un journaliste égyptien connu risque de passer deux mois en prison pour avoir écrit un article sur la santé du président Hosni Moubarak. Ibrahim Eissa, rédacteur en chef du quotidien Al Dustour, a été condamné à six mois d’emprisonnement en mars 2008.

La cour d’appel de Boulaq, au Caire, a examiné son recours dimanche 28 septembre et a ramené la peine à deux mois de détention.

Ibrahim Eissa était accusé d’avoir publié des informations considérées par les autorités comme préjudiciables à l’intérêt public et à la stabilité nationale. Les articles incriminés laissaient entendre que la santé du président Moubarak s’était détériorée.

Selon les autorités, ces articles étaient mensongers et ont porté préjudice à la situation économique du pays en provoquant le retrait d’investissements étrangers d’un montant estimé à 350 millions de dollars.

Maintenu en liberté sous caution en attendant qu’il soit statué sur son appel, le journaliste devra désormais purger sa peine de deux mois d’emprisonnement, bien qu’il se soit pourvu en cassation – à moins que le parquet ne décide de surseoir à l’exécution de la peine dans l’attente de l’arrêt de la Cour de cassation.

Ibrahim Eissa avait été inculpé au titre des articles 171 et 188 du Code pénal. Les poursuites engagées contre lui s’inscrivent dans le cadre d’une politique plus large des autorités égyptiennes.

« Les autorités utilisent le délit de diffamation et d’autres chefs d’inculpation pour museler la liberté d’expression et empêcher la presse d’évoquer des sujets qui, selon elles, franchissent la “ligne rouge” de ce qui peut être révélé à la population, alors qu’il s’agit en réalité de thèmes d’intérêt public, a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord, qui a condamné la décision de la cour d’appel. Si Ibrahim Eissa est placé en détention, a-t-elle poursuivi, Amnesty International le considèrera comme un prisonnier d’opinion et demandera sa libération immédiate et sans condition.

« Amnesty International demande instamment aux autorités égyptiennes de modifier la loi controversée sur la presse ainsi que toutes les autres dispositions du Code pénal qui font de l’information légitime une infraction ; l’organisation demande également au gouvernement de cesser d’utiliser les procès en diffamation pour harceler les journalistes et les empêcher d’informer la population sur des sujets d’intérêt public légitime. »