L’état d’urgence en Thaïlande ne doit pas empiéter sur les droits humains

Le gouvernement thaïlandais a décrété l’état d’urgence ce mardi 2 septembre, à la suite d’affrontements violents devant le siège du gouvernement à Bangkok entre manifestants pro-gouvernementaux et membres de l’Alliance populaire démocratique (PAD), opposée au gouvernement, qui ont fait un mort et plus d’une quarantaine de blessés.

Amnesty International a déclaré que le gouvernement thaïlandais devrait lever les restrictions à la liberté d’expression inclues dans le décret d’état d’urgence, et elle a exhorté tous les dirigeants politiques, y compris ceux de la PAD, à respecter les droits humains.

« Le gouvernement thaïlandais doit respecter les directives internationales qui prévoient que, même en cas d’état d’urgence, toute personne a le droit de donner son opinion sur les sujets qui la concernent, y compris sur le décret promulguant l’état d’urgence, et de faire valoir des points de vue différents de ceux du gouvernement ou des groupes auxquels elle est opposée », a déclaré Benjamin Zawacki, responsable des recherches sur la Thaïlande au sein d’Amnesty International.

En outre, le gouvernement devrait faire le nécessaire pour que les dispositions du décret restreignant la liberté de réunion se limitent à ce qui est strictement nécessaire pour protéger la sécurité publique, et ne s’appliquent qu’aux quartiers de Bangkok les plus affectés par les mouvements de protestation et le bras de fer entre les différents groupes politiques.

« Ces manifestations et contre-manifestations montrent que de nombreux Thaïlandais sont déçus par le non-respect des règles du droit et l’absence de toute responsabilisation. Ce qu’il faut en définitive, c’est une plus grande responsabilisation, le maintien de la primauté du droit et davantage de respect pour les droits civils et politiques », a déclaré Benjamin Zawacki.

Complément d’information
Des membres de la PAD ont pénétré le 26 août dans les locaux de la télévision d’État (NBT, National Broadcasting Services of Thailand ) et des milliers de personnes continuent d’occuper depuis cette date le siège du gouvernement, où se trouve le bureau du Premier ministre. Des violences ont éclaté le 29 août au siège du gouvernement et dans les locaux du quartier général de la police métropolitaine. Une explosion s’est produite le 1er septembre devant un bâtiment de la police. Des dizaines de manifestants et de policiers ont été blessés et une centaine de manifestants arrêtés.

L’article 9(3) du décret thaïlandais de 2005 sur l’administration publique dans les situations d’urgence interdit les communiqués de presse, la distribution ou la divulgation de lettres, de publications ou de textes diffusés par tout autre moyen de communication et susceptibles d’instiller la peur au sein de la population ou ayant pour but manifeste de déformer l’information ou de donner une lecture de la situation d’urgence susceptible d’affecter la sécurité de l’État, l’ordre public ou les bonnes mœurs de la population du Royaume.

Le gouvernement thaïlandais n’a pas demandé l’application de toutes les dispositions du décret d’état d’urgence, s’abstenant notamment d’imposer un couvre-feu à Bangkok. Il a également indiqué que l’état d’urgence ne resterait en vigueur que le temps nécessaire.