Malaisie : Anwar Ibrahim poursuit sa campagne électorale malgré des accusations douteuses

Anwar Ibrahim, le dirigeant de l’opposition en Malaisie, a été libéré sous caution après avoir plaidé non coupable des accusations de sodomie portées contre lui. D’après les médias, la prochaine audience aura lieu le 10 septembre.

Anwar Ibrahim a déclaré que ces accusations n’allaient pas l’empêcher de poursuivre sa campagne pour les élections législatives. Son objectif est de déloger du pouvoir le Front national, la coalition à la tête de la Malaisie depuis l’indépendance du pays, en 1957.

Anwar Ibrahim est le dirigeant de l’Alliance populaire, une coalition regroupant trois partis d’opposition qui ont remporté 82 des 222 sièges au Parlement lors des élections législatives de mars 2008. C’était la première fois depuis 1969 que le Front national perdait sa majorité des deux tiers au Parlement, cette majorité étant nécessaire pour contrecarrer toute tentative de veto et pour modifier la Constitution.

« Il y a dix ans, le gouvernement a utilisé de semblables accusations de sodomie contre Anwar Ibrahim, et il l’a maintenu en détention pendant six ans, jusqu’à son acquittement, a indiqué Sam Zarifi, directeur du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International.

« En 1998, Amnesty International a considéré Anwar Ibrahim comme un prisonnier d’opinion. Certains indices laissent aujourd’hui penser que le gouvernement ne respecte à nouveau pas les règles du jeu politique dans cette affaire. »

Un jeune assistant d’Anwar Ibrahim, Mohamad Saiful Bukhari Azlan, a porté plainte contre ce dernier, l’accusant de l’avoir sodomisé contre son gré dans un appartement à Kuala-Lumpur le 26 juin 2008. La législation conservatrice du pays prévoit que la sodomie, même lorsqu’elle est pratiquée d’un commun accord, est un crime passible d’une peine pouvant aller jusqu’à vingt ans d’emprisonnement.

Le 16 juillet, à la suite du dépôt de cette plainte, des policiers armés et masqués ont arrêté Anwar Ibrahim, qui a été maintenu en détention jusqu’au lendemain.

Le 28 juillet, la presse a été avertie du contenu du rapport médical établi après l’examen de Mohamad Saiful Bukhari Azlan par un médecin dans une clinique privée. Le rapport indiquait que le jeune homme n’avait pas été sodomisé. Le médecin a toutefois conseillé à ce dernier de se rendre dans un hôpital public pour un deuxième examen, ce qu’il aurait fait plus tard ce jour-là. On ignore actuellement où se trouve ce médecin.

« Nous sommes également préoccupés par la sécurité de tous les témoins dans cette affaire, en particulier par celle du docteur Mohamed Osman, et nous appelons le gouvernement à les protéger de manière adéquate, a déclaré Sam Zarifi.

Le 6 août, la police malaisienne a fait savoir à Anwar Ibrahim qu’il allait être inculpé de « rapport charnel contre-nature » et qu’il devait se présenter devant un tribunal de Kuala-Lumpur à dix heures dans la matinée du 7 août.

Le 6 août également, la Commission électorale a annoncé que les élections législatives partielles à Permatang Pauh, dans l’État de Penang, auxquelles Anwar Ibrahim participe, auraient lieu le 26 août.

Anwar Ibrahim a perdu son poste de vice-Premier ministre et ministre des Finances en septembre 1998, après avoir critiqué la politique financière du Premier ministre de l’époque, Mahathir Mohamad, dans le contexte de la crise économique qui a touché l’Asie en 1997.

En avril 1999, il a été condamné à une peine de six ans d’emprisonnement pour corruption, puis à neuf ans d’emprisonnement pour sodomie en août 2000. Après six années en prison, il a été acquitté des accusations de sodomie par la cour fédérale en septembre 2004.

Sa condamnation pour corruption l’a empêché de se présenter à des élections ou d’occuper des fonctions politiques jusqu’en avril 2008.