Le Zimbabwe accusé d’utiliser l’alimentation à des fins politiques

Le gouvernement du Zimbabwe a interdit aux organisations non gouvernementales (ONG) d’effectuer des opérations de terrain dans le pays. Amnesty International a accusé le gouvernement d’utiliser l’alimentation à des fins politiques, et l’a exhorté à lever immédiatement cette interdiction. « Le gouvernement zimbabwéen a ordonné la suspension des activités menées par les ONG sur le terrain, ce qui risque d’augmenter l’insécurité alimentaire au Zimbabwe et d’exposer des millions de personnes à la faim, a déclaré Amnesty International. « Le gouvernement cherche une nouvelle fois à manipuler la distribution alimentaire à des fins politiques. « Alors que le Zimbabwe se trouve en période préélectorale, la suspension des opérations humanitaires lui assure le monopole en matière de distribution de la nourriture par l’entremise de l’organisme d’État Grain Marketing Board (GMB). » Depuis 2000, Amnesty International constate que l’aide alimentaire du GMB est utilisée comme une arme politique contre les opposants présumés du gouvernement. Sans donner d’explication précise à cette mesure, le ministre du Service public, du Travail et de la Sécurité sociale zimbabwéen, Nicholas Goche, a écrit le 4 juin 2008 à toutes les organisations bénévoles privées et ONG, les enjoignant de mettre un terme à leurs activités. Il a fait part de son intention d’invoquer la section 10-c de la Loi relative aux organisations bénévoles privées (chapitre 17:05) comme base de cette mesure. D’après l’organisation, les restrictions auront non seulement des conséquences néfastes sur la sécurité alimentaire au Zimbabwe, mais permettront également au gouvernement d’empêcher que les travailleurs humanitaires n’assistent à la nette hausse de la violence politique cautionnée par l’État dont le Zimbabwe est le théâtre depuis la tenue des élections présidentielle et parlementaire le 29 mars. « En ôtant toute marge de manœuvre aux ONG au Zimbabwe, le gouvernement tente de dissimuler les terribles atteintes aux droits humains perpétrées dans le pays, a déclaré Amnesty International.

« Les autorités zimbabwéennes doivent veiller à ce que la nourriture soit distribuée à tous en fonction des besoins – et non en fonction d’une appartenance politique réelle ou supposée. « Le gouvernement du Zimbabwe doit autoriser les organisations humanitaires et les autres ONG à mener leur action légitime sans ingérence. En bloquant délibérément une aide vitale, il risque de bafouer les droits de ses citoyens à la vie, à l’alimentation et à la santé. » Depuis 2000, des millions de personnes au Zimbabwe ont de grandes difficultés à se procurer une nourriture suffisante. L’une des causes majeures de la crise alimentaire est l’effondrement de la production nationale. Tandis que les facteurs climatiques, la pandémie du VIH/sida et les difficultés économiques contribuent au déclin de la productivité agricole, les politiques et pratiques gouvernementales exacerbent les problèmes de sécurité alimentaire au Zimbabwe. Ce sont les Zimbabwéens les plus pauvres qui seront les plus touchés par cette interdiction. Ils seront encore plus exposés à des maladies mettant la vie en danger, puisque la suspension concerne les projets sur l’eau et l’assainissement. En outre, cette mesure aura de graves répercussions pour les soins apportés à plus d’un million d’enfants orphelins du fait du sida et aux malades en phase terminale bénéficiant de programmes de soins à domicile.