Appel à l’action pour la Journée mondiale des réfugiés

En cette année qui marque le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), et à l’occasion de la Journée mondiale des réfugiés, Amnesty International appelle les gouvernements du monde entier à réaffirmer le droit qu’a toute personne de demander et d’obtenir asile en cas de persécution, conformément à l’article 14 de la DUDH.

Près de deux millions de réfugiés irakiens, après avoir fui les homicides, les enlèvements, la torture et les mauvais traitements, vivent désormais en Syrie et en Jordanie.

En région Méditerranée, des demandeurs d’asile et des migrants continuent de périr en mer au cours d’efforts désespérés pour atteindre l’Europe.

Ces situations ne sont que deux exemples illustrant la condition des réfugiés aujourd’hui. Et ces problèmes exigent une réponse au niveau mondial.

Or, des portes continuent de se refermer discrètement. Les personnes qui fuient l’Irak subissent désormais des restrictions de visa lorsqu’elles essayent d’entrer en Jordanie et en Syrie. La Suède, qui accueille le plus grand nombre de réfugiés irakiens en Europe, a récemment changé de politique et renvoie à présent des réfugiés vers des zones très dangereuses de leur pays d’origine. En Méditerranée, des pays de l’Union européenne comme l’Espagne et l’Italie collaborent à des opérations d’interception et à des dispositifs de contrôle des migrations, avec des pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest. En conséquence, des gens sont renvoyés vers les terribles environnements auxquels ils tentaient d’échapper.

Il existe un besoin urgent d’assistance internationale pour les réfugiés irakiens de Syrie et de Jordanie. Par ailleurs, le financement destiné aux agences des Nations unies chargées des réfugiés irakiens est insuffisant. En mai 2008, le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) a une nouvelle fois demandé une augmentation des fonds destinés à ses activités touchant à l’Irak. Cet organisme a signalé un manque de 127 millions de dollars (82 millions d’euros environ). Sans ces fonds, des programmes d’assistance et de distribution d’aide alimentaire pourraient être revus à la baisse, ce qui plongerait de nombreux Irakiens dans une pauvreté plus grave et accroîtrait le risque d’une augmentation des taux de malnutrition et du travail des enfants.

Au total, 147 États sont parties à la Convention relative au statut des réfugiés de 1951 ou à son protocole. Ces textes sont les principaux instruments internationaux de protection des réfugiés. Amnesty International appelle les gouvernements mondiaux à faire en sorte que leurs actions et politiques ne sapent pas la protection offerte par cette convention et d’autres instruments internationaux. L’organisation estime également que les États ne doivent pas se limiter à protéger les réfugiés se trouvant sous leur juridiction : il leur faut en outre aider les pays qui doivent faire face à de grands afflux de réfugiés.

Amnesty International demande à l’Union européenne (UE) de respecter intégralement ses obligations vis-à-vis des réfugiés, en veillant à ce que ses contrôles frontaliers ne forcent pas, directement ou indirectement, les demandeurs d’asile à revenir vers des pays de transit où ils risqueraient des détentions arbitraires, des expulsions collectives ou des refoulements, comme c’est le cas dans certains pays d’Afrique du Nord et de l’Ouest, voire un abandon pur et simple dans le désert, sans nourriture ni eau.

L’organisation appelle également l’UE à faire en sorte que, dans le cadre de l’élaboration de son système commun de procédures d’asile, tous les demandeurs se trouvant sous la juridiction de ses États membres aient accès à des dispositifs équitables et satisfaisants, indépendamment de leur pays d’origine ou de transit. L’UE devra par ailleurs mettre un terme aux procédures accélérées, qui sont inadéquates.

Amnesty International exhorte aussi les États à faire un plus large usage des dispositifs de réinstallation. Ceux-ci représentent un outil de partage de la responsabilité permettant d’alléger la charge des pays d’accueil et d’offrir aux réfugiés des solutions pérennes. Pour de nombreux réfugiés, en effet, ces dispositifs sont l’unique moyen de bénéficier de droits élémentaires comme l’éducation, les soins de santé et le logement. Toutefois, en raison de leur maladie, de leur handicap ou de leur traumatisme, certains ne peuvent pas accéder à des soins suffisants dans leur pays d’asile. Neuf pays seulement avaient mis en place de grands programmes de réinstallation depuis un certain temps déjà. Plus récemment, des pays en développement comme le Chili, le Burkina Faso et le Brésil ont commencé à suivre leur exemple, en réinstallant de petits nombres de réfugiés. Amnesty International appelle les autres États à adopter eux aussi de tels programmes.

Enfin, l’organisation prie instamment les États de collaborer avec le HCR afin de concevoir des dispositifs efficaces de partage de la responsabilité en cas d’afflux massifs de réfugiés, chaque fois qu’une situation d’urgence se présente.

Résoudre ces graves questions ne consiste pas à admettre les souffrances humaines en tournant le dos aux personnes qui vivent des tragédies. La solution passe au contraire par une plus grande responsabilisation à l’échelon mondial, face à une problématique qui est également d’envergure mondiale.