Huit hommes reconnus coupables, l’an dernier, d’atteinte aux valeurs sacrées du royaume ont recouvré la liberté à la faveur d’une grâce royale le vendredi 4 avril. Neuf autres, qui étaient poursuivis sur la base de la même inculpation, ont également bénéficié de la mesure de grâce.
Tous sont membres de l’Association marocaine des droits humains (AMDH). Sept d’entre eux avaient été arrêtés le 1er mai 2007 (cinq à Lksar Elkbir, les deux autres à Agadir) pour avoir scandé des slogans critiquant la monarchie. Ils avaient été condamnés à des peines allant de trois à cinq ans de prison.
Les 10 autres, dont le militant Mohamed Bougrine, soixante-treize ans, avaient été arrêtés au cours de manifestations ultérieures organisées par solidarité avec les détenus. Mohamed Bougrine s’était vu lui aussi condamner à une peine d’emprisonnement et il semble que son état de santé se détériorait en détention.
La monarchie demeure un sujet tabou au Maroc. Toute critique visant le roi peut être considérée comme une atteinte aux valeurs sacrées du royaume. Ces dernières années, plusieurs personnes, dont des journalistes et des militants politiques, ont été poursuivies et dans certains cas condamnées à de la prison pour avoir exprimé, de manière pourtant pacifique, leur point de vue sur la monarchie.
Amnesty International, qui avait adopté les huit hommes comme prisonniers d’opinion car elle estimait qu’ils étaient emprisonnés uniquement pour avoir exercé pacifiquement leurs droits, a salué leur libération.
Mais l’organisation a par ailleurs déploré le fait que la législation marocaine puisse être utilisée pour réprimer l’exercice pacifique du droit à la liberté d’expression et de réunion.
Amnesty International demande aux autorités marocaines de rendre la législation nationale conforme aux obligations prescrites par les articles 19 et 21 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP).