La situation alarmante des réfugiés palestiniens ayant fui l’Irak

Plus de 3 000 réfugiés palestiniens se trouvent actuellement coupés du reste du monde ; ils vivent dans des conditions très difficiles et n’ont pas accès à une aide humanitaire suffisante.

En mars 2008, des délégués d’Amnesty International ont rencontré des réfugiés palestiniens ayant échoué dans le camp d’Al Tanf, situé dans le no man’s land entre l’Iraq et la Syrie.

Le camp d’Al Tanf est une étroite bande de terre sèche et poussiéreuse coincée entre un mur de béton et la route principale reliant Bagdad et Damas. Les températures y atteignent 50 °C en été et passent en dessous de zéro en hiver. Des centaines de réfugiés palestiniens qui fuient l’Irak où ils ont longtemps résidé vivent dans ce camp. Les Palestiniens font partie des principales victimes de violences, notamment d’homicides motivés par l’intolérance religieuse.

Les tentes, bondées, sont la seule protection dont ils disposent contre la chaleur, la neige et les tempêtes de sable.

Le danger est omniprésent, surtout pour les enfants. Le secteur est infesté de scorpions et de serpents. Les tentes des écoles, situées près d’une autoroute très passante, ne sont pas protégées, et un garçon a perdu la vie après avoir été percuté par un camion.

Selon les témoignages de réfugiés recueillis par des délégués d’Amnesty International lors d’une visite du camp en mars 2008, les appareils utilisés pour le chauffage et pour faire la cuisine provoquent régulièrement des incendies : 42 tentes avaient ainsi été détruites par le feu à cette date.

Malgré l’insécurité et des conditions de vie très difficiles dans le camp d’Al Tanf, les Palestiniens fuyant l’Irak continuent d’y affluer ; ceux qui tentent d’entrer en Syrie avec de faux passeports sont envoyés dans ce camp. Un grand nombre de ces réfugiés ont décrit à Amnesty International les terribles événements qui les ont poussés à fuir l’Irak et qui les ont traumatisés.

Ces personnes sont également marquées par les conditions de vie éprouvantes dans le camp et par la crainte d’y rester bloquées de nombreuses années encore. L’une d’entre elles a supplié les délégués d’Amnesty International de les « sauver de cet enfer ».

Par ailleurs, quelque 2 000 réfugiés palestiniens se trouvent actuellement dans le camp d’Al Waleed, dans le désert irakien, où les conditions de vie sont encore plus éprouvantes car les organisations humanitaires et le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) ont beaucoup de mal à s’y rendre. La seule solution, pour mettre fin à leur calvaire, consisterait à les réinstaller dans un pays tiers. En février 2008, le camp d’Al Hol, dans le gouvernorat d’Al Hasakah (nord-est de la Syrie), abritait près de 300 Palestiniens ; la plupart d’entre eux y avaient été amenés alors qu’ils se trouvaient à la frontière irako-syrienne, en mai 2006.

Pour le HCR, à l’heure actuelle seule une réinstallation dans des pays tiers permettrait de résoudre durablement la situation de ces Palestiniens d’Irak. Des centaines de milliers de personnes ont fui l’Irak et se sont réfugiées en Jordanie et en Syrie, mais ces deux pays ont généralement empêché les Palestiniens d’Irak d’entrer sur leur territoire.

Le gouvernement chilien a proposé de réinstaller un premier groupe de 116 Palestiniens du camp d’Al Tanf. Soixante-quatre d’entre eux sont déjà arrivés au Chili, et les autres devraient bientôt les y rejoindre.

Un certain nombre d’États en dehors du Moyen-Orient auraient déclaré qu’ils allaient accueillir des réfugiés d’Al Tanf. Toutefois, ces derniers se trouvent dans une situation tellement difficile qu’ils doivent sans plus tarder être réinstallés dans un pays tiers sûr.

Amnesty International a lancé une campagne mondiale pour attirer l’attention sur la situation tragique des réfugiés palestiniens qui fuient l’Irak, et sur la nécessité de prendre immédiatement des mesures afin de leur venir en aide.

L’organisation a appelé ses membres et sympathisants à demander une aide internationale urgente pour la réinstallation de ces Palestiniens et des autres personnes particulièrement vulnérables qui fuient l’Irak.