Crise au Tibet: l’ONU doit pouvoir mener une enquête indépendante

Les autorités chinoises doivent permettre à l’ONU de mener une enquête indépendante sur les événements qui ont eu lieu la semaine dernière au Tibet, et lever les restrictions qui entravent depuis longtemps la surveillance de la situation des droits humains dans la région. Les autorités ont bouclé la région une semaine après le début des troubles. Amnesty International appelle les autorités chinoises à faire preuve de retenue dans leur manière de réagir face aux manifestations qui se poursuivent à Lhassa et ailleurs au Tibet. Aux termes du droit international, en cas de crise de ce type, les gouvernements doivent avoir recours à des méthodes qui respectent les droits fondamentaux des personnes, et se conformer aux principes de nécessité et de proportionnalité lorsqu’ils utilisent la force. Les autorités doivent également répondre pleinement du sort de toutes les personnes placées en détention et libérer celles qui ont été arrêtées uniquement pour avoir exprimé, pourtant pacifiquement, leurs opinions. « Les autorités chinoises ne doivent pas rester sourdes aux doléances de la population tibétaine qui sont à l’origine de ce mouvement, et il faut qu’elles revoient les politiques qui ont généré un tel mécontentement, a déclaré Catherine Baber, directrice du programme Asie-Pacifique d’Amnesty International. La situation doit également attirer l’attention du Conseil des droits de l’homme actuellement en session. » Les Tibétains reprochent notamment depuis longtemps aux autorités chinoises de ne pas les faire bénéficier du développement économique du pays, de restreindre leurs pratiques religieuses et de mener des politiques qui appauvrissent leur culture et leur identité. Vendredi, les manifestations à Lhassa ont été marquées par de graves violences. Des manifestants ont mis le feu à des commerces chinois et à des postes de police, et ont agressé des Chinois Han. Selon des sources officielles chinoises, ces violences auraient fait 13 morts – des commerçants chinois Han de Lhassa pour la plupart. La police et les forces armées auraient frappé des manifestants, lancé des grenades lacrymogènes et tiré à balles réelles pour disperser la foule. Selon des porte-parole du gouvernement tibétain en exil, quelque 80 personnes sont mortes à la suite de cette répression. Le couvre-feu a été instauré à Lhassa et tous les commerces sont fermés. Des postes de contrôle bloquent l’accès à la ville. Des véhicules blindés et des contingents de la Police armée du peuple ont été postés dans toute la capitale tibétaine. Selon certaines informations, plusieurs mouvements de protestation auraient encore été observés dans divers secteurs de Lhassa au cours du weekend. La police et les forces armées ont encerclé trois grands monastères de la ville. Les moines sont obligés d’y rester enfermés et ceux qui tentent de sortir sont frappés. Des moines du monastère de Sera auraient entamé une grève de la faim pour demander le retrait des forces militaires entrées dans leur monastère.