Les enfants «disparus» du Salvador

Seize ans après la fin de la guerre civile qui a déchiré le Salvador, on ignore toujours ce qu’il est advenu de centaines d’enfants qui ont « disparu » au cours du conflit.

Au Salvador, le 29 mars est devenu la journée des enfants « disparus » durant le conflit interne. Le gouvernement salvadorien n’a guère pris de mesures pour retrouver ces enfants et les rendre à leurs familles, malgré la décision internationale les engageant à le faire.

Parmi les quelque 700 enfants qui ont « disparu » au cours du conflit (entre 1980 et 1992), près de 330 ont été retrouvés, en grande partie grâce au travail d’organisations locales de défense des droits humains. On ne sait toujours pas ce que sont devenus les autres enfants.

Ernestina et Erlinda Serrano Cruz, deux sœurs âgées de sept et trois ans, font partie des victimes. Elles ont été capturées par l’armée salvadorienne le 2 juin 1982. Après la guerre, la mère des deux fillettes a porté plainte au sujet de leur enlèvement.

En 2005, après des années de lutte et alors que les deux sœurs n’avaient toujours pas été retrouvées, la Cour interaméricaine des droits de l’homme a rendu une décision dans laquelle elle estimait que le Salvador avait violé les droits humains d’Ernestina et d’Erlinda Serrano Cruz en n’enquêtant pas sur leur « disparition ».

Le gouvernement salvadorien a été appelé à prendre une série de mesures pour soutenir les recherches concernant les personnes « disparues », notamment en créant une commission nationale, une base de données ADN et une base de donnée sur Internet. Trois années ont passé depuis la décision de la Cour interaméricaine et ses requêtes n’ont guère été mises en œuvre.

Amnesty International est préoccupée par le manque de volonté politique qui empêche cette affaire de progresser. L’organisation a demandé aux autorités salvadoriennes de faire le nécessaire pour enquêter de manière exhaustive sur ces cas de « disparition » d’enfants, notamment dans l’affaire relative à Ernestina et Erlinda Serrano Cruz. Le président et le procureur général, entre autres, doivent veiller à ce que des recherches sérieuses soient menées pour retrouver les victimes et identifier les responsables de ces « disparitions ».

Tant que le gouvernement n’aura pas respecté ces obligations les familles des enfants « disparus » du Salvador continueront d’être privées de leur droit à la justice.