Emprisonnés pour avoir donné de l’eau à des moines

Trois personnes ont été condamnées à des peines de prison au Myanmar pour avoir donné de l’eau à des moines dans la rue. Ces condamnations font partie d’une série de peines infligées par les autorités depuis la violente répression des manifestations il y a six mois.

Lundi, trois jours après que le Conseil des droits de l’homme de l’ONU eut adopté une résolution critiquant la situation des droits humains au Myanmar, Amnesty International a publié des informations détaillées sur ces condamnations. Le Conseil a exhorté les autorités du Myanmar à libérer tous les prisonniers politiques et à prendre des mesures d’urgence pour mettre fin aux violations des droits humains.

Les recherches effectuées par Amnesty International montrent qu’au moins 40 manifestants, dont sept moines, ont écopé de peines d’emprisonnement. Ces condamnations ont tout l’air d’être motivées par des considérations politiques car les manifestants n’ont fait qu’exercer pacifiquement leurs droits humains.


« Pas une seule condamnation n’a été prononcée sur la base des raisons par ailleurs légitimes invoquées par les autorités ; les personnes ont été condamnées pour avoir exercé pacifiquement leur droit à la liberté d’expression et de réunion »
, a déclaré Amnesty International.

Les médias officiels du Myanmar avaient annoncé le 7 novembre 2007 que des poursuites judiciaires seraient engagées contre les personnes impliquées « d’une manière ou d’une autre dans des violences et des actes terroristes ». Le 3 décembre, le directeur de la police, Khin Yi, avait indiqué lors d’une conférence de presse que « seuls les individus coupables d’incendies volontaires ou en possession d’armes illégales [seraient] traduits en justice ».


« Après avoir tenté de détourner l’attention de la communauté internationale de la répression de septembre dernier en faisant en sorte que les regards se portent sur son référendum constitutionnel, le gouvernement du Myanmar réoriente aujourd’hui sa stratégie contre les mouvements de protestation légitimes : la répression en pleine rue fait place à une répression plus discrète derrière les portes closes des tribunaux,
a déclaré Amnesty International.


« Tout comme le référendum représente une tentative du gouvernement de légitimer le pouvoir militaire au Myanmar, les peines de prison prononcées sont destinées à justifier la répression violente des manifestations pacifiques. »

À ce jour, au moins 700 personnes arrêtées pendant ou après les manifestations de septembre sont toujours derrière les barreaux. Par ailleurs, 1 150 prisonniers politiques qui se trouvaient déjà en détention n’ont toujours pas été libérés.


« Les récentes condamnations de manifestants arrêtés lors de la répression de septembre doivent être considérées à la lumière du fait que quelque 660 personnes sont maintenues en détention arbitraire depuis six mois, sans savoir quand elles en sortiront »
, a ajouté Amnesty International.

À la suite de la résolution du Conseil des droits de l’homme, Amnesty International a appelé la communauté internationale à faire pression sur le Myanmar pour qu’il autorise le rapporteur spécial des Nations unies sur la situation des droits de l’homme au Myanmar à mener immédiatement une mission d’enquête dans ce pays.