La journaliste et féministe iranienne Parvin Ardalan s’est vu empêcher de quitter l’Iran, dimanche, pour se rendre en Suède où elle devait recevoir le prix Olof Palme 2007 à Stockholm. Elle a raconté à l’agence de presse AFP qu’on avait appelé son nom alors qu’elle se trouvait déjà à bord d’un vol Air France à l’aéroport de Téhéran et qu’on lui avait dit qu’il lui était interdit de quitter le pays.
« Ils ont pris mon passeport et m’ont enjoint de le réclamer au service des passeports du bureau de la présidence après soixante-douze heures, a-t-elle- déclaré. La seule raison est de m’empêcher de prendre part à la cérémonie. »
Parvin Ardalan, qui vit à Téhéran, risque d’être emprisonnée pour avoir participé à l’organisation d’une manifestation en juin 2006 contre la discrimination à l’égard des femmes dans la législation iranienne.
Elle a été détenue brièvement après cette manifestation. En avril 2007, elle a été reconnue coupable d’atteinte à la sécurité nationale et condamnée à six mois de prison ferme et à trente mois avec sursis pendant cinq ans. Elle a été laissée en liberté en attendant qu’il soit statué sur son appel.
Le 4 mars 2007, pendant son procès, une manifestation pacifique a été organisée devant le tribunal et Parvin Ardalan figurait parmi les 33 femmes qui ont été arrêtées. Elle a été libérée quatre jours plus tard, puis inculpée de « rassemblement et collusion dans l’intention de porter atteinte à la sécurité nationale, troubles à l’ordre public et refus d’obtempérer aux ordres de la police ». Aucun verdict n’a encore été prononcé pour cette inculpation.
Le 29 février, l’Association des femmes iraniennes a indiqué que Marzieh Mortazi Langaroudi, une autre femme figurant parmi les 33 manifestantes arrêtées, avait été condamnée à six mois d’emprisonnement avec sursis et à 10 coups de fouet. D’autres accusées dans la même affaire ont été totalement disculpées.
Parvin Ardalan est bien connue pour son travail passé pour des publications influentes comme le magazine Zanan, qui a été interdit il y a peu de temps. Plus récemment, elle a également travaillé pour le site Internet Zanestan, qui a été fermé en novembre 2007.
Elle est membre du Centre culturel des femmes, une organisation non gouvernementale, et membre fondatrice de la Campagne pour l’égalité, qui vise à recueillir un million de signatures d’Iraniens demandant l’égalité entre les femmes et les hommes dans le droit iranien.
En août 2007, Nasim Sarabandi et Fatemeh Dehdashti ont été les premières femmes parmi les militants de cette campagne à être condamnées à des peines de prison. Elles ont été arrêtées en janvier 2007 à Téhéran, alors qu’elles collectaient des signatures, et détenues pendant vingt-quatre heures. Elles ont par la suite été condamnées à une peine de six mois de prison assortie d’un sursis de deux ans, pour avoir « agi contre la sûreté de l’État en diffusant de la propagande contre le système ».
Le 19 février 2008, Ehteram Shadfar, soixante-deux ans, a été condamnée à son tour pour avoir réuni des signatures. Elle aussi a écopé de six mois de prison avec sursis.
Plus de 40 autres personnes, parmi lesquelles Reza Dowlatshah, ont été arrêtées en raison des activités qu’elles menaient dans le cadre de la campagne. Reza Dowlatshah animait un atelier de formation en septembre 2007 lorsqu’il a été arrêté, détenu pendant trois jours et battu.
Le prix Olof Palme, qui est décerné chaque année, est destiné à promouvoir la paix et le désarmement et à combattre le racisme et la xénophobie. Il récompense une contribution exceptionnelle réalisée dans l’esprit d’Olof Palme, l’ancien Premier ministre suédois assassiné en 1986.
Le Fond à la mémoire d’Olof Palme explique sur son site Internet que Parvin Ardalan a été sélectionnée parce qu’elle « a réussi à faire de la question des droits égaux entre hommes et femmes un aspect central de la lutte pour la démocratie en Iran ».
La cérémonie de remise du prix doit avoir lieu le 6 mars.