Deux militants libérés de prison en Éthiopie

Deux défenseurs des droits humains ont été libérés de prison en Éthiopie. Ils étaient incarcérés depuis novembre 2005. Daniel Bekele et Netsanet Demissie ont retrouvé la liberté vendredi, à la faveur d’une grâce présidentielle.

Ils ont signé une lettre dans laquelle ils « reconnaissaient des erreurs » commises dans le cadre des élections de 2005. On ignore encore si la grâce dont ils ont bénéficié est inconditionnelle.

Daniel Bekele est responsable de la stratégie au bureau éthiopien d’ActionAid. Netsanet Demissie est le fondateur et le président de l’Organisation pour la justice sociale en Éthiopie. Tous deux sont d’éminents avocats spécialisés dans la défense des droits humains.

Le procès a duré plus de deux ans et les deux hommes avaient choisi de présenter une défense, contrairement à certains de leurs coaccusés. En décembre 2007, la Haute cour fédérale a rendu un jugement à la majorité les déclarant coupables d’avoir provoqué et préparé des « outrages à la Constitution », et elle les a condamnés à une peine de trente mois d’emprisonnement.

Selon Amnesty International, l’accusation n’avait pas présenté d’éléments prouvant que Daniel Bekele et Netsanet Demissie s’étaient rendus coupables d’incitation à la violence et les juges les ont condamnés sur la base des déclarations de deux témoins dont la crédibilité, sujette à caution, avait été fortement contestée par la défense. Le gouvernement éthiopien avait interdit aux représentants d’Amnesty International d’assister au procès en tant qu’observateurs en juillet 2007.

Amnesty International a accueilli avec satisfaction ces deux libérations, mais elle a souligné que les deux hommes, qui étaient des prisonniers d’opinion, devaient être indemnisés pour le temps qu’ils avaient passé en prison.

« Ces deux hommes n’ont commis aucun acte répréhensible nécessitant qu’ils demandent à bénéficier d’une grâce, a déclaré Erwin van der Borght, directeur du programme Afrique d’Amnesty International.

« Ils étaient des prisonniers d’opinion, détenus et condamnés uniquement pour avoir mené des activités pacifiques en tant que défenseurs des droits humains. Leurs condamnations doivent être annulées sans condition et ils doivent recevoir réparation pour la période pendant laquelle ils ont été indûment emprisonnés. »