Appels au calme avant le rassemblement en Serbie

Des centaines de milliers de manifestants pourraient participer au rassemblement « Le Kosovo, c’est la Serbie » ce jeudi à Belgrade. Le président Boris Tadić a demandé que les manifestations se déroulent dans le calme. Dimanche, des violences ont éclaté dans la capitale serbe pendant une manifestation, au cours de laquelle 30 policiers et 30 protestataires ont été blessés. Certaines personnes ayant pris part aux manifestations qui ont eu lieu mardi dans toutes les grandes villes du pays auraient lancé des appels au meurtre contre la communauté albanaise. Les manifestations, qui faisaient suite à la déclaration d’indépendance du Kosovo, ont réuni des centaines de personnes dans chaque ville. À Kragujevac, un fast-food appartenant à des membres de la minorité gorani, qui parle bosniaque et qui est originaire du Kosovo, a été vandalisé. À Bor, la vitrine d’une confiserie appartenant également à un Gorani a été brisée. Des vitres de voitures ont aussi volé en éclats. Lors d’une interview avec le média indépendant B92, le ministre de l’Infrastructure Velimir Ilić a déclaré que le fait de briser des vitres constituait un acte démocratique. Mardi, au Parlement serbe, Ivica Dačić, membre du Parti socialiste de Serbie (SPS), s’est exprimé en faveur de l’interdiction de tous les partis politiques et organisations non gouvernementales ayant reconnu l’indépendance du Kosovo. Il a visé spécifiquement Nataša Kandić, militante des droits humains et directrice du Centre de droit humanitaire de Belgrade, qui a assisté à la cérémonie de proclamation de l’indépendance à l’Assemblée parlementaire du Kosovo le 17 février 2008. Selon les médias, le SPS est en train d’engager des poursuites pénales contre Nataša Kandić pour avoir incité à compromettre l’intégrité territoriale de la Serbie. Interviewé par le quotidien Kurir, Borko Ilić, vice-président du Parti démocrate de Serbie (DSS), au pouvoir, a qualifié Nataša Kandić de traîtresse. Un autre quotidien, Večernje novosti, a publié un article intitulé « Nataša [Kandić], la femme qui n’existe pas ». En considérant que cette dernière n’est pas une personne, il implique que son élimination serait sans conséquence. D’autres militants des droits humains craignent également pour leur sécurité. Amnesty International a demandé aux autorités serbes, en particulier au Premier ministre Vojislav Koštunica et au président Boris Tadić, de condamner d’urgence les menaces proférées contre les militants des droits humains et les attaques visant les minorités ethniques dans le pays. « Amnesty International rappelle aux autorités qu’elles se sont engagées, devant le Conseil de sécurité de l’ONU, « à s’abstenir de tout acte qui risquerait de compromettre la sécurité au Kosovo ou ailleurs et à s’interdire tout recours à la violence, à la menace ou à l’intimidation », a déclaré Nicola Duckworth, directrice du programme Europe et Asie centrale d’Amnesty International. « Les autorités serbes doivent condamner fermement tout acte malveillant contre des membres de la société serbe. Elles doivent aussi faire en sorte que toute menace contre des militants des droits humains et toute attaque contre les minorités donnent rapidement lieu à une enquête approfondie afin que les responsables soient traduits en justice. » Le Kosovo, qui fait partie de la Serbie, a déclaré son indépendance de manière unilatérale le dimanche 17 février 2008. Il est sous administration des Nations unies depuis 1999.