Les dirigeants européens ont l’occasion d’exhorter le président Musharraf, en visite cette semaine en Europe, à faire cesser les violations des droits humains au Pakistan. Le chef de l’État pakistanais entame une visite d’une semaine en Europe ce lundi 21 janvier, au cours de laquelle il rencontrera d’autres dirigeants, notamment Gordon Brown et Nicolas Sarkozy. Ce déplacement officiel intervient à la suite de la visite d’Amnesty International au Pakistan, en décembre. Des délégués de l’organisation ont passé un mois dans le pays et réuni des informations qui ont fait apparaître une aggravation de la situation des droits humains, malgré la levée de l’état d’urgence. «Les très nombreux éléments qu’a rassemblés Amnesty International sur le non-respect des droits humains et sur l’effondrement de l’état de droit contiennent en germe une catastrophe politique aux conséquences désastreuses pour les simples citoyens, a déclaré Irene Khan, secrétaire générale d’Amnesty International. « Les arrestations et détentions arbitraires, les disparitions forcées ainsi que la torture et les mauvais traitements, qui s’accompagnent d’une violence politique généralisée, sapent l’espoir d’élections libres et justes en février. » Le président Musharraf rencontrera également le haut représentant de l’Union européenne pour la politique étrangère et la sécurité commune, Javier Solana, et assistera à la réunion annuelle du Forum économique mondial à Davos, en Suisse. « La tournée du président Musharraf, à la recherche de soutiens politiques et économiques en Europe, doit être l’occasion pour ceux qui vont le rencontrer de lui demander que son gouvernement mette fin aux violations des droits humains qui ont caractérisé l’histoire récente du Pakistan, notamment en rétablissant immédiatement l’indépendance de la justice », a préconisé Irene Khan. Amnesty International exhorte le gouvernement du Pakistan à faire cesser toute une série de violations des droits humains, comme les arrestations et détentions arbitraires et les disparitions forcées. Les autorités doivent aussi mener des enquêtes exhaustives et impartiales sur les assassinats politiques et autres homicides, y compris celui de Benazir Bhutto, et rétablir l’indépendance de la justice en permettant à tous les juges démis de leurs fonctions sous l’état d’urgence de reprendre leur poste. « La communauté internationale doit faire savoir sans équivoque au président Musharraf que le rétablissement du respect des droits humains et de la primauté de la loi est essentiel pour créer un climat de confiance pour les élections à venir et mettre fin à la vague de violence politique au Pakistan », a conclu Irene Khan.