Une répression implacable au Myanmar

Lorsque le groupe de personnalités internationales The Elders se réunira lundi en Afrique du Sud pour commencer à célébrer le soixantième anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, l’un de leurs membres sera absent. Ce groupe de réflexion et de soutien composé notamment de Nelson Mandela et de Mary Robinson s’appuiera sur sa riche expérience collective pour tenter de remédier aux crises qui secouent la planète. Mais l’une de ses figures de proue, qui se bat sans relâche pour les droits humains, ne sera pas là pour faire partager ses connaissances. En effet, Daw Aung San Suu Kyi est toujours placée en résidence surveillée au Myanmar (ex-Birmanie). Elle a passé douze des dix-huit dernières années sous ce régime. Aung San Suu Kyi est l’une des 1 850 personnes qui sont privées de liberté au Myanmar à cause de leurs activités, pourtant pacifiques. Ce nombre s’est accru il n’y a que quelques mois, lors de la récente vague de répression contre les manifestations dans le pays. On estime à plusieurs milliers le nombre de personnes arrêtées durant cette répression et Amnesty International pense qu’environ 700 d’entre elles restent détenues à ce jour. Ce chiffre est très différent de celui qu’avancent les autorités birmanes: selon ces dernières, 80 personnes seulement, qui doivent faire l’objet de poursuites judiciaires, sont toujours derrière les barreaux. Les détenus n’ont pas été bien traités et certains ont même été torturés. À la suite des manifestations, au moins 20 personnes auraient été condamnées à des peines allant jusqu’à neuf ans et demi d’emprisonnement à l’issue de procédures à huis clos entachées de graves irrégularités. Si le nombre d’arrestations a diminué depuis le 29 septembre, les agents chargés de la sécurité de l’État n’ont pas cessé leurs recherches en vue d’appréhender les personnes soupçonnées de participation aux manifestations pro-démocratiques, qu’ils interpellent principalement lors de descentes à leur domicile, la nuit. Ces actions vont à l’encontre des promesses faites au représentant spécial de l’ONU Ibrahim Gambari début novembre par le gouvernement, qui s’était engagé à mettre fin aux arrestations. Amnesty International appelle de toute urgence le gouvernement du Myanmar à mettre un terme aux arrestations et à libérer toutes les personnes détenues ou emprisonnés simplement parce qu’elles ont exercé, de manière pourtant pacifique, leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association, y compris les prisonniers d’opinion incarcérés depuis peu ou de longue date.