Poèmes de Guantánamo

« Ô Père, qu’elle est injuste cette prison! Les montagnes pleurent de tant d’iniquité; Je n’ai commis aucun crime, je ne suis coupable de rien; J’étais un lion; On m’a vendu comme l’agneau à sacrifier. » Ces lignes sont tirées d’un poème qu’Abdulla Thani Faris al Anazi a écrit à Guantánamo.

Ce dernier, un Saoudien, a été arrêté en Afghanistan alors qu’il venait de subir une amputation d’une jambe, et remis aux forces américaines par des chasseurs de primes. Il a été détenu à Guantánamo de 2002 à 2007, sans savoir s’il serait libéré un jour et sans aucune perspective de procès équitable. Comme un grand nombre de ses codétenus, il a commencé à écrire des poèmes pour exprimer son angoisse face à l’injustice de sa situation. Les autorités américaines ont longtemps cherché à étouffer la voix des individus qu’elles maintiennent en détention illégale. Durant leur première année à Guantánamo, beaucoup de détenus n’avaient pas droit à un stylo ni à du papier, si bien que certains écrivaient des fragments de poèmes sur des gobelets en polystyrène, qu’ils faisaient passer de cellule en cellule. À partir de 2002, certains détenus ont eu droit à des fournitures pour écrire. La plupart des textes risquent toutefois de ne jamais être rendus publics, car l’armée américaine refuse de les déclassifier pour qu’ils puissent être diffusés à l’extérieur du camp. Les responsables militaires affirment que les poèmes «présentent un risque particulier» pour la sécurité nationale à cause de leurs «contenu et format». Quelques-uns des poèmes dont la diffusion a été autorisée ont été réunis dans le livre d’un avocat, Marc Falkoff, qui représente 17 détenus de Guantánamo. Grâce à ces poèmes, les détenus de Guantánamo, dont beaucoup se trouvent toujours dans ce camp, ont pu décrire leurs pensées et leurs sentiments avec leurs propres mots.

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