Ouganda: les victimes de violences sexuelles sont privées de justice

En Ouganda, le système judiciaire ne protège pas les femmes et les filles qui ont subi des agressions sexuelles. Du fait que ce système ignore, nie, voire avalise implicitement la violence contre les femmes, les auteurs des crimes restent en liberté. Nombre de femmes et de filles craignent de signaler les viols et les autres formes de violence, non seulement en raison de l’hostilité et de l’opprobre de leur communauté, mais aussi parce qu’elles n’ont pas confiance en la justice. La violence contre les femmes est endémique en Ouganda. Le conflit entre l’Armée de résistance du Seigneur et les forces gouvernementales, qui a duré vingt et un ans et s’est terminé en 2006, s’est caractérisé par un ensemble de violences sexuelles contre les femmes et les filles. La situation de ces dernières reste dramatique, malgré la fin des hostilités. La violence (viols, atteintes sexuelles contre des enfants et autres agressions physiques) est omniprésente et ses auteurs sont multiples: forces gouvernementales, agents responsables de l’application des lois, dirigeants des conseils locaux et membres de la famille. Les personnes qui signalent des violences sexuelles se heurtent à différents obstacles qui entravent l’accès à la justice. •    Souvent, il n’y a pas d’agent de police pour l’enregistrement des plaintes, et les postes de police sont rares. Dans certaines zones, la police est pratiquement absente. Les policiers sont souvent réticents lorsqu’il s’agit d’enquêter sur des affaires impliquant des soldats ou des violences au sein de la famille (le viol marital n’est pas considéré comme un crime au regard de la loi). •    Les frais résultant des procédures peuvent décourager les victimes. Celles-ci doivent souvent prendre en charge les dépenses liées à leur affaire (frais médicaux, repas des policiers en cours d’enquête, repas du suspect en détention). •    Les tribunaux sont rarement efficaces et généralement surchargés. De ce fait, très peu d’affaires ont une conclusion satisfaisante. Le gouvernement ougandais doit immédiatement: 1.    remédier aux dysfonctionnements du système judiciaire qui empêche les femmes et les filles d’avoir accès à la justice; 2.    faire de la justice effective une priorité.

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