Le CIO peut apporter des changements positifs en Chine

La Commission exécutive du Comité international olympique (CIO) se réunit à partir d’aujourd’hui, en Suisse. Amnesty International appelle le CIO à veiller à ce que les préoccupations en matière de droits humains soient prises en compte à l’approche des Jeux olympiques de Pékin.

La Chine étant le pays hôte de l’édition 2008, les Jeux olympiques pourraient permettre de laisser un héritage positif pour les droits humains dans le pays. En particulier, les avancées concernant la peine de mort, les détentions sans procès, la liberté d’expression et la protection des défenseurs des droits humains constitueraient des éléments d’un tel héritage.

Les réformes en matière de droits humains sont essentiellement du ressort des autorités chinoises, mais Amnesty International pense que le CIO peut apporter sa pierre à l’édifice en usant de son influence pour susciter des changements positifs. D’après la Charte olympique, le rôle du CIO est notamment de «promouvoir un héritage positif des Jeux olympiques pour les villes et les pays hôtes». La philosophie du Mouvement olympique est exposée de manière particulièrement claire dans les Principes fondamentaux de l’Olympisme, qui font partie de la Charte olympique. Ces Principes soulignent l’importance, pour l’esprit olympique, des «principes éthiques fondamentaux universels» et du fait de «préserver la dignité humaine». Jacques Rogge, le président du CIO, a déclaré publiquement: «Nous sommes convaincus que les Jeux olympiques amélioreront la situation des droits humains en Chine.»

Un certain nombre d’affaires récentes illustrent l’urgence d’une action en faveur des droits humains en Chine avant l’ouverture des Jeux.

Wang Ling a été condamnée le 10 octobre à quinze mois de «rééducation par le travail» pour avoir signé des pétitions et préparé des banderoles afin de protester contre la démolition de son logement dans le cadre des projets de construction de sites olympiques. Battue, arrêtée et emprisonnée à de multiples reprises, Wang Ling est actuellement détenue dans le centre de rééducation par le travail de Daxing, à Pékin. La police chinoise utilise cette forme de détention quand elle estime que l’infraction commise n’est pas suffisamment grave pour relever du droit pénal. Les personnes visées sont des petits délinquants, des détracteurs du gouvernement et des adeptes de croyances interdites, entre autres.

Yang Chunlin a été arrêté et aurait été torturé pour avoir fait circuler une pétition intitulée Nous voulons les droits humains, pas les Jeux olympiques, signée par des paysans qui entendaient ainsi protester contre la saisie de leurs terres. Depuis son placement en détention en juillet, il a eu plusieurs fois les bras et les jambes étirés et enchaînés aux quatre coins d’un lit en métal. Il a dû manger, boire et faire ses besoins dans cette position. Il est toujours en détention.

Ye Guozhu, un militant du droit au logement, purge une peine de quatre ans de prison pour avoir demandé l’autorisation d’organiser une manifestation contre les expulsions forcées à Pékin. Sa maison et son entreprise ont été démolies pour permettre la réalisation de travaux en vue des Jeux olympiques, et sa famille n’a reçu aucune indemnisation. Il aurait été torturé en prison.

Son fils et son frère, Ye Mingjun et Ye Guoqiang, ont été arrêtés fin septembre 2007 par la police de Pékin, qui les soupçonnait d’«incitation à la subversion ». Ils avaient protesté contre des expulsions forcées censées libérer de l’espace pour la construction des équipements destinés aux Jeux olympiques. Ye Mingjun a été libéré sous caution fin octobre et attend son procès. Ye Guoqiang est toujours en détention.

Tous ces détenus doivent être libérés immédiatement et sans condition. Les informations faisant état de torture doivent donner lieu à des enquêtes, et des mesures doivent être prises contre tous les responsables de ces agissements. Enfin, les victimes doivent recevoir réparation.