Une avancée pour la cause des «femmes de réconfort»

Le Parlement européen a adopté une résolution sur les survivantes du système d’esclavage sexuel mis en place par l’armée japonaise (le système des «femmes de réconfort»), résolution qui appelle le gouvernement japonais à reconnaître officiellement ces victimes, à leur présenter des excuses et à leur apporter réparation.

L’État japonais, des années 30 à la fin de la Seconde Guerre mondiale, a officiellement commandité le recrutement de milliers de femmes, connues sous le nom de «femmes de réconfort», dans le but de les contraindre à l’esclavage sexuel au service des forces armées. L’ampleur réelle de ce système d’asservissement sexuel n’a jamais été révélée par les autorités japonaises, mais on estime que jusqu’à 200 000 femmes pourraient y avoir été soumises. À ce jour, l’État japonais a toujours refusé de reconnaître sa responsabilité dans les crimes commis contre ces femmes.

Dans le cadre de ce système de prostitution forcée au service des forces armées, les «femmes de réconfort» ont subi toute une série de violations de leurs droits, notamment des violences sexuelles telles que des viols en réunion et des avortements forcés. Il s’agit d’un des plus graves cas de traite d’êtres humains du XXe siècle. Nombre de ces femmes, aujourd’hui âgées de quatre-vingts-ans et plus, espèrent réussir à obtenir justice de leur vivant et sortent courageusement de leur silence pour témoigner.

Gil Won Ok, soixante-dix-neuf ans, est née dans ce qui est aujourd’hui la Corée du Nord. Lorsqu’elle avait treize ans, on lui a promis un travail en usine, mais elle s’est retrouvée dans une maison de prostitution située dans le nord-est de la Chine, où elle a dû travailler comme «femme de réconfort». Elle y a contracté la syphilis et développé plusieurs tumeurs. Un médecin militaire japonais lui a finalement fait subir une hystérectomie, opération qui l’a privée de la possibilité d’avoir des enfants.
 
Gil, qui est sortie de son silence en 1998, cinquante-trois ans après cette expérience traumatisante, a récemment témoigné devant le Parlement européen. Elle a déclaré, pour expliquer la nécessité de maintenir la mobilisation: «Le gouvernement japonais pense qu’une fois que toutes les “femmes de réconfort” seront mortes, l’affaire sera classée et oubliée […] mais si la génération suivante sait ce qui s’est passé, nous ne serons pas oubliées.»

Le Parlement européen est l’un des organes législatifs qui ont successivement pris position contre ces atrocités passées en exhortant le gouvernement japonais à rendre justice aux survivantes du système d’esclavage sexuel de l’armée japonaise. Plusieurs pays envisagent d’adopter des résolutions allant dans le même sens.

Le gouvernement japonais doit prendre des mesures immédiatement pour offrir des réparations aux victimes du système des «femmes de réconfort». Parmi celles qui ont survécu aux épreuves qui leur ont été infligées, nombre de femmes ont par la suite été en butte à des mauvais traitements psychologiques et physiques et à des problèmes de santé. Beaucoup d’entre elles ont également connu l’isolement, la honte et souvent une extrême pauvreté. Le gouvernement japonais doit agir sans délai et :
•    reconnaître pleinement la responsabilité des autorités dans le système des «femmes de réconfort» et présenter des excuses publiques aux survivantes;
•    accorder une indemnisation appropriée et réelle aux survivantes et aux familles des victimes;
•    faire savoir publiquement qu’il condamne toutes les violences sexuelles commises contre les femmes, en toutes circonstances et en tout lieu.