Des moines racontent: mort en détention

«Ce n’est que le lendemain matin que nous avons osé retourner au monastère. Le bâtiment était sens dessus dessous et des portes avaient été ouvertes à coups de pied. On a vu des taches rouges sur le sol… et ce qui semblait être du sang coagulé.»

U Thilavantha était respecté et très aimé dans sa communauté. Après avoir étudié pendant plusieurs années à Sri Lanka pour devenir moine, il exerçait la fonction de supérieur adjoint de l’école monastique de Myitkyina.  Il donnait des cours d’anglais aux enfants des environs, et était âgé d’à peu près trente-cinq ans.

Le 25 septembre, c’est-à-dire le lendemain du jour où des moines de Myitkyina avaient participé à des défilés pacifiques réclamant la fin des restrictions imposées par le régime militaire, la police a fait une descente au monastère où vivait U Thilavantha. Ce dernier a été frappé et arrêté. Il a été placé en détention et de nouveau passé à tabac. Le lendemain, il est mort des suites de ses blessures.

Des responsables de l’hôpital local ont subi des pressions afin qu’ils déclarent qu’U Thilavantha était mort d’une crise cardiaque.

Cent quarante-deux moines habitaient dans le monastère où vivait U Thilavantha. Le 31 octobre, ils n’étaient plus que 11.

Des moines de l’école monastique de Myitkyina ont raconté à Amnesty International ce qui s’est passé le jour où la police a détruit leur foyer. Ils ont décrit les événements du 25 septembre, au cours desquels un grand nombre d’entre eux ont été frappés et à la suite desquels U Thilavantha est mort.

«Les autorités ont coupé les lignes téléphoniques vers cinq heures de l’après-midi. Plus tard, à 21h10, ils ont enfoncé la grille principale du monastère avec leurs camions militaires, se souvient l’un d’eux.  

«Ils ont commencé à nous frapper dès qu’ils sont entrés. Après la grille, ils ont enfoncé la porte d’entrée du monastère à coups de pieds. Dès qu’ils ont pénétré dans le bâtiment, ils ont commencé à nous frapper au hasard. C’était une attaque destinée à nous empêcher de résister. Ils nous ont donné l’ordre de nous mettre debout contre le mur, et ils frappaient à coup de bâton ceux qui n’obéissaient pas…»