Des militants pakistanais libérés risquent d’être de nouveau arrêtés

Au Pakistan, les arrestations et les persécutions visant les militants des droits humains, les juristes et les membres de partis politiques se poursuivent. Sur les 54 militants des droits humains libérés sous caution à Lahore le 6 novembre, 40 risquent d’être de nouveau arrêtés. D’autres mandats d’arrêt ont été émis et un militant a été interpellé le lundi 12 novembre. La police a organisé des descentes aux domiciles de deux autres militants, mais ces derniers n’étaient pas chez eux. Cinq autres militants des droits humains n’ont toujours pas quitté la prison d’Adial (Islamabad), bien qu’ils aient obtenu une libération sous caution. Deux éminents juristes ont été arrêtés à Karachi ce matin (mardi 13 novembre). Ce sont d’anciens présidents de l’Association du barreau de la haute cour de Sindh, et l’un d’eux est le secrétaire général adjoint de l’International Association of Democratic Lawyers (Association internationale des juristes pour la démocratie). Le gouvernement est également en train de modifier le Legal and Bar Practitioners Act (Loi relative aux juristes et aux membres du barreau), afin de retirer aux conseils du barreau la capacité d’accorder ou de suspendre l’autorisation d’exercer des juristes, et de s’arroger ce pouvoir. Il continue en outre de placer des personnes de son choix à la Cour suprême. Douze juges de cette instance ont été suspendus après l’instauration de l’état d’urgence, et certains ont été placés de fait en résidence surveillée. Deux juges retraités de la Haute cour ont été nommés à la Cour suprême ce matin, après que le ministre de la Justice eut annoncé hier que cette dernière ne compterait plus que 12 juges (contre 17 auparavant). L’assignation à résidence de la dirigeante de l’opposition, Benazir Bhutto, a été prolongée de sept jours, afin de l’empêcher de diriger une manifestation de son parti. Benazir Bhutto a été arrêtée tard dans la nuit, à Lahore. Elle devait prendre la tête d’une longue marche du Parti du peuple pakistanais (PPP) vers Islamabad ce matin. Personne n’avait reçu l’ordonnance de placement en détention, mais la police a placardé cette dernière sur la porte et déclaré qu’elle avait pris effet. La maison a été encerclée par des centaines de policiers armés, et la zone a été bouclée à l’aide de fils barbelés. Des centaines de militants du PPP ont été arrêtés. Benazir Bhutto a déclaré que, depuis l’instauration de l’état d’urgence, 7 500 membres de son parti ont subi des arrestations. Elle risque désormais d’être transférée de force depuis Lahore vers Karachi, ou vers une autre destination. Son ordonnance de placement en détention a été émise au titre de la section 3 de la Maintenance of Public Order law (Loi sur le maintien de l’ordre public), par laquelle le gouvernement peut arrêter ou placer en détention une personne afin de l’empêcher de perturber la sécurité ou l’ordre public. Les ministres des Affaires étrangères du Commonwealth, réunis à Londres le 12 novembre, ont demandé au général Musharraf de lever l’état d’urgence d’ici le 22 novembre ; dans le cas contraire, l’appartenance du Pakistan au Commonwealth sera suspendue. Ce pays avait déjà été suspendu en 1999, quand le général Musharraf avait pris le pouvoir. Le pays a ensuite été réintégré au sein du Commonwealth en 2004, après que le général eut promis de renoncer à la fonction de chef de l’armée. Le gouvernement des États-Unis a également exigé la levée de l’état d’urgence. Un porte-parole de l’armée a annoncé l’imminence d’une grande offensive militaire contre des activistes de la vallée de Swat. On signale que l’armée aurait pris le commandement des forces paramilitaires stationnées dans cette région du Pakistan. Le 12 novembre, la Cour suprême a accepté d’examiner une requête contestant l’instauration de l’état d’urgence. L’audience doit avoir lieu le 15 novembre.