Une journaliste, ancienne prisonnière d’opinion, fait don de son prix à Amnesty International

Pour remercier Amnesty International d’avoir contribué à sa libération, une ancienne prisonnière d’opinion a offert à l’organisation la récompense qu’elle a reçue pour son travail journalistique.

Serkalem Fasil a été libérée de prison en Éthiopie en avril, après que les organisations de défense des droits humains – dont Amnesty International – eurent mené une intense campagne en sa faveur. L’épreuve qu’elle a subie a été reconnue cette semaine, lorsque la Fondation internationale des femmes dans les médias lui a remis un Prix du courage dans le journalisme.

Serkalem Fasil a décidé de donner l’argent de son Prix à Amnesty International et au Comité pour la protection des journalistes, qui s’était également mobilisé pour la faire libérer.

«Autrefois, en Occident, les droits humains étaient diabolisés parce qu’ils étaient considérés comme étrangers et subversifs […], comme c’est le cas aujourd’hui dans les nations qui ont un régime dictatorial, par exemple en Éthiopie», a déclaré Serkalem Fasil, qui a rejeté l’idée selon laquelle les organisations de défense des droits humains seraient «des institutions occidentales […] s’immisçant dans des sociétés non occidentales».

Elle a expliqué avoir fait don de sa récompense pour s’élever contre «l’instrumentalisation de nos différences nationales, religieuses et culturelles avec les organisations internationales de protection des droits humains. C’est également un moyen d’affirmer l’importance du travail accompli par ces dernières […] Je n’ai aucun doute sur l’importance de l’action d’Amnesty International dans ce domaine.»

Serkalem Fasil avait été arrêtée en novembre 2005 pour son rôle de codirectrice de publication des journaux Asqual, Menilik et Satenaw. Amnesty International pense qu’elle avait été arrêtée uniquement pour avoir exercé son droit à la liberté d’expression.

La jeune femme aurait été condamnée à mort si elle avait été reconnue coupable des chefs de trahison, d’outrages à la Constitution et d’incitation au complot armé. Elle était enceinte au moment de son arrestation et a donné naissance à un petit garçon à l’hôpital de la police, où les soins médicaux laissaient fortement à désirer.

La secrétaire générale d’Amnesty International, Irene Khan, a rendu hommage à Serkalem Fasil et à son courage face aux graves atteintes aux droits humains qu’elle a subies.

«Je suis extrêmement touchée par ce geste fort et courageux d’une ancienne prisonnière d’opinion qui est toujours menacée et qui souhaite pourtant défendre les droits humains. Comme l’a demandé Serkalem, nous allouerons ce don exceptionnel et généreux à notre travail international», a-t-elle déclaré.