Il est temps que justice soit rendue au Darfour

En avril, des mandats d’arrêt internationaux ont été délivrés contre un ministre du gouvernement soudanais et un haut responsable des milices janjawids, qui sont soutenues par le gouvernement. Ils sont tous deux accusés d’être responsables de crimes contre l’humanité et de crimes de guerre commis dans la région du Darfour, au Soudan, notamment de meurtres, de viols et de tortures. Or, les autorités soudanaises ont refusé de remettre Ahmed Harun et Ali Kushayb à la Cour pénale internationale (CPI) afin qu’elle les juge.

Ahmad Muhammad Harun, connu sous le nom d’Ahmad Harun, occupe toujours le poste de ministre d’État aux Affaires humanitaires au Soudan. De 2003 à 2005, il a été ministre d’État à l’Intérieur; il était responsable de la gestion du «Bureau de sécurité du Darfour» et coordonnait les différents organes gouvernementaux participant à la lutte anti-insurrectionnelle, notamment la police, les forces armées et le National Security and Intelligence Service (NSIS, Service de la sécurité nationale et du renseignement).

Le mandat délivré par la CPI indique qu’il est accusé d’avoir recruté, mobilisé, financé et armé les Janjawids en sachant parfaitement qu’ils commettraient des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre contre la population civile du Darfour. Il est également accusé de les avoir personnellement incités à attaquer des civils. Le mandat d’arrêt fait état de 42 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et crimes de guerre (persécutions, meurtres et déplacements de population, entre autres).

Ali Muhammad Al Abd Al Rahman, connu sous le nom d’Ali Kushayb, est l’un des principaux dirigeants des Janjawids et il fait partie des Forces de défense populaire. Il était le «colonel des colonels» à Wadi Saleh, dans le Darfour occidental. Mi-2003 il commandait des milliers de Janjawids.

D’après le mandat d’arrêt délivré par la CPI, Ali Kushayb est accusé d’avoir mené les attaques sur les villages de Kodoom, Bindisi, Mukjar et Ararwala. Il est également accusé d’avoir enrôlé, armé et financé les Janjawids sous son commandement, et de leur avoir fourni du ravitaillement. Le mandat d’arrêt lancé contre lui mentionne 50 chefs d’accusation de crimes contre l’humanité et crimes de guerre (persécutions, meurtres, attaques contre la population civile et déplacements de population, notamment).

Ali Kushayb a été arrêté en novembre 2006 par les autorités soudanaises à la suite de faits ayant eu lieu dans le sud et l’ouest du Darfour, en marge de ceux sur lesquels enquête la CPI. D’après certaines sources, il serait actuellement détenu par la police soudanaise. Toutefois, plusieurs témoins au Darfour ont indiqué qu’il se déplaçait librement d’une ville à une autre sous la protection de la police.

Depuis 2003, un conflit armé oppose le gouvernement du Soudan et plusieurs groupes d’opposition armés au Darfour. Afin de combattre le mouvement insurrectionnel, le gouvernement soudanais a mobilisé, armé et financé des milices connues sous le nom de Janjawids. Plus de deux millions de personnes ont été déplacées dans le cadre de ce conflit.

Quelque 200000 autres ont été tuées et des milliers de femmes ont été violées depuis le début des affrontements. Des armes, des munitions et du matériel connexe continuent d’être transférés au Darfour pour des opérations militaires, en violation de l’embargo sur les armes à destination de la région décrété par les Nations unies.

À l’occasion de la Journée mondiale de la justice internationale (le 17 juillet), Amnesty International lance un appel pour qu’il soit mis fin à l’impunité au Darfour. L’organisation demande en particulier qu’Ahmad Harun et Ali Kushayb soient arrêtés et remis à la CPI.

La Journée mondiale de la justice internationale commémore l’adoption en 1998 du Statut de Rome de la CPI. Chaque année, des militants des droits humains du monde entier organisent ce jour-là des événements et des activités pour promouvoir la justice internationale.