Entre le 30 décembre 2006 et février 2007, les autorités kenyanes ont arrêté au moins 140 hommes, femmes et enfants qui avaient tenté de se réfugier au Kenya pour fuir les combats en Somalie. La plupart ont été détenus pendant plusieurs semaines sans inculpation et certains auraient été torturés ou victimes d’autres mauvais traitements. Ils auraient notamment été frappés par des policiers kenyans et forcés à se dévêtir avant d’être photographiés. Les détenus n’ont pas pu prendre contact avec leurs proches ni avec des avocats, et plusieurs d’entre eux ont été interrogés, notamment par des agents américains. Ils ont par ailleurs été empêchés d’accéder à l’agence des Nations unies chargée des réfugiés et à la procédure d’asile.
Qu’est-il advenu de ces 140 personnes?
85 ont été illégalement transférées du Kenya en Somalie. Par la suite, quatre d’entre elles, qui avaient le statut de résident au Royaume-Uni, ont été renvoyés dans ce pays puis relâchées ; les 81 autres ont été transférées en Éthiopie. Les autorités éthiopiennes ont reconnu détenir seulement 41 de ces personnes – 22 d’entre elles ont depuis été libérées et une a été déférée devant un tribunal militaire. On ignore ce qu’il est advenu des 40 autres. Parmi les personnes détenues, plusieurs auraient été torturées ou maltraitées. Celles qui sont maintenues en détention n’ont toujours pas accès à un avocat ni à leur famille. 27 ont été soit relâchées au Kenya, soit renvoyées dans leur pays. Une a été inculpée au Kenya. On ignore où sont les 27 autres.Amnesty International appelle les autorités éthiopiennes, kenyanes et somaliennes à révéler immédiatement ce qu’il est advenu de toutes ces personnes et où elles se trouvent. Les détenus doivent être rapidement inculpés et jugés devant des tribunaux de droit commun, ou bien relâchés. Aucun ne doit être remis entre les mains d’un autre État, à moins que ce transfert ne soit conforme aux normes internationales. Aucun ne doit non plus être renvoyé dans un pays où il risque d’être victime de violations de ses droits humains telles que la torture ou toute autre forme de mauvais traitements.
Foco: Des femmes derrière les barreaux Parmi les 81 personnes renvoyées en Éthiopie se trouvaient au moins 13 femmes. Un grand nombre avaient leurs enfants avec elles et certaines étaient enceintes. Deux auraient accouché pendant leur détention en Éthiopie.
La plupart étaient détenues uniquement parce qu’elles faisaient partie de la famille de membres présumés d’Al Qaïda ou du Conseil des Tribunaux islamiques somaliens.
Leur détention constitue une violation du droit à la liberté et à la sécurité et du droit de ne pas faire l’objet d’une arrestation ou détention arbitraires.